Aujourd’hui, la Mauritanie se trouve à un tournant déterminant pour son développement en Afrique. Sa situation géographique privilégiée, située entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, en fait un corridor naturel pour les échanges économiques continentaux. Toutefois, sans une modernisation rapide de ses infrastructures, le pays risque d’être éclipsé par des nations mieux préparées à accueillir et à exploiter les flux commerciaux africains.

Les investissements récents du Maroc, portés par une vision de connectivité continentale et renforcés par la dynamique du port de Tanger Med, représentent une opportunité majeure pour la Mauritanie. Pour en tirer pleinement parti, le pays doit engager des réformes profondes dans le secteur des transports.

Il est impératif que la Mauritanie modernise ses routes, ses ports et ses aéroports afin de répondre aux besoins croissants des pays enclavés du Sahel, tels que le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. L’exemple du port de Nouakchott, peu exploité par les opérateurs maliens qui privilégient Dakar, illustre la nécessité d’une stratégie révisée. Le pays aurait tout intérêt à développer des infrastructures de repos pour les camionneurs, des stations-services modernes, des hôtels et des centres logistiques le long des axes routiers principaux. Ces aménagements amélioreraient la sécurité, le confort et la productivité des conducteurs tout en générant des emplois durables et des revenus pour les communautés locales.

Les grandes puissances économiques s’appuient sur des organisations internationales pour harmoniser les normes du transport intercontinental. Les chauffeurs professionnels bénéficient ainsi de suivis sanitaires, de certifications et de reconnaissances de compétences. La Mauritanie devrait s’inspirer de ces modèles pour créer un environnement de travail sain, sécurisé et conforme aux standards internationaux. L’Organisation Internationale des Sociétés de Transports Routiers (IRU), par exemple, accompagne déjà plusieurs pays dans ce domaine, et l’autorité de régulation des transports en Mauritanie pourrait tirer parti de cette expertise.

Le pays bénéficie déjà d’une expérience solide en matière de coopération régionale, notamment à travers l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Sous la direction d’experts mauritaniens, cette organisation a permis de mutualiser des ressources essentielles telles que l’eau et l’électricité entre États membres. En s’appuyant sur cette expertise, ainsi que sur les cadres de l’Union africaine, notamment la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), la Mauritanie pourrait jouer un rôle moteur dans le développement d’un réseau intégré de connectivité. Cela inclurait des infrastructures modernes, des centres d’approvisionnement en carburant, des plateformes logistiques et des zones de repos conformes aux normes internationales pour les conducteurs.

Le risque est réel : si la Mauritanie ne modernise pas rapidement ses infrastructures et n’améliore pas les conditions de transit pour les transporteurs africains, elle pourrait se faire contourner par des corridors plus dynamiques, comme celui reliant le Maroc au reste du continent. Ce serait une occasion perdue de renforcer son économie, de créer des emplois et de consolider sa place dans la nouvelle architecture économique africaine.

Mohamed BNEIJARA

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