La Mauritanie se distingue depuis plusieurs années en tant que pays de transit et de destination pour de nombreux migrants venus d’Afrique subsaharienne et du Sahel. Sa politique migratoire, influencée par une confluence de facteurs économiques, sociaux et géopolitiques, appelle une analyse approfondie. Cette réflexion est essentielle pour saisir les défis actuels auxquels le pays fait face et envisager les perspectives d’avenir en matière de migration.
Face à la complexité du phénomène migratoire, il est essentiel de lancer une initiative visant à unir les pays d’origine, de transit et de destination des routes migratoires reliant l’Afrique centrale, occidentale et septentrionale à l’Europe. Cette initiative devrait impliquer la Commission européenne (CE) ainsi que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), afin d’aborder de manière concertée les enjeux liés à la migration.
L’objectif principal serait de créer un cadre de concertation et de coordination destiné à relever les défis posés par la migration. Ce cadre favoriserait également les opportunités d’échange et de développement entre les pays concernés, tout en garantissant le respect des droits des migrants. Il est crucial que le gouvernement mauritanien s’approprie cette initiative et s’engage activement à sa mise en œuvre, en établissant des dialogues constructifs avec ses partenaires régionaux et internationaux.
La Mauritanie connaît actuellement une hausse notable des flux migratoires. Des milliers de réfugiés maliens fuient des conflits armés, tandis que de nombreux migrants en provenance d’autres pays africains tentent de rejoindre l’Europe, souvent en transit par le territoire mauritanien. Face à cette situation, il est crucial que le gouvernement mette en place des mesures appropriées pour instaurer les conditions nécessaires à un dialogue permanent entre l’Afrique et l’Europe.
L’expérience du Maroc en matière de gestion des migrations recèle des enseignements significatifs. Au départ, le pays avait mis en œuvre une politique migratoire rigoureuse, suscitant de vives réactions de la part de la société civile et des organisations de défense des droits humains. Sous la pression de ces acteurs, le gouvernement marocain a été contraint de réévaluer sa stratégie, optant pour une approche plus humaine et respectueuse des droits des migrants. La Mauritanie pourrait tirer parti de cette expérience pour prévenir les tensions et promouvoir une gestion de la migration plus inclusive.
Il est impératif que le cadre de concertation intègre non seulement la CEDEAO et l’Union européenne, mais aussi les pays d’origine des migrants. Une approche collaborative garantirait que les décisions prises respectent les droits des migrants tout en préservant l’image et les intérêts de la Mauritanie. Avec une diaspora significative répartie dans plusieurs pays, il est également crucial que la Mauritanie prenne en considération les perceptions de sa politique migratoire à l’international. Dans un contexte où les réseaux sociaux peuvent rapidement amplifier les crises, il est essentiel d’adopter une démarche transparente et humaniste.
Ainsi, en renforçant la gouvernance migratoire à travers un cadre de concertation régional, la Mauritanie contribuerait à une meilleure gestion des flux migratoires. L’implication des autres pays de la région dans ce processus permettrait d’apaiser les tensions et de dissiper les interprétations erronées susceptibles de nuire à la réputation du pays. Il appartient désormais aux autorités mauritaniennes de s’engager activement dans cette voie et de mobiliser les ressources nécessaires à la concrétisation de cette initiative.
Mohamed BNEIJARA