En Mauritanie, la dynamique entre l’État et ses citoyens est un processus en perpétuelle transformation. Malgré les progrès institutionnels réalisés, la réalité sur le terrain révèle que de nombreuses communautés, en particulier celles des zones rurales, se sentent encore largement exclues de l’action publique. Renforcer ce lien est désormais indispensable pour édifier une société plus équitable, stable et résiliente.

Le pays se distingue par sa grande diversité culturelle, ses disparités territoriales prononcées et l’inégalité d’accès aux services publics. Dans des régions comme le Guidimakha, les citoyens font souvent face à une administration peu présente ou inefficace, à des infrastructures routières dégradées, ainsi qu’à un accès restreint à l’eau potable, aux soins de santé et à l’éducation. Cette situation engendre une méfiance et une exclusion silencieuse qui fragilisent la cohésion sociale.

Pour instaurer une gouvernance apaisée, l’État doit adopter une approche sincère de proximité, d’écoute et de co-construction des politiques publiques. Cela requiert l’institutionnalisation d’un dialogue continu entre les citoyens et les autorités, notamment au travers d’espaces de concertation locaux. La participation citoyenne ne doit pas se limiter à une simple déclaration d’intention, mais devenir une pratique vivante, fondée sur la reconnaissance des besoins réels exprimés par les citoyens eux-mêmes.

Les régions, en tant qu’entités représentatives légitimes et proches des populations, sont les mieux placées pour conduire le développement local. Elles possèdent une connaissance approfondie du terrain et une légitimité sociale que l’administration centrale, souvent perçue comme motivée par des considérations bureaucratiques ou financières, ne peut remplacer. Accorder davantage de responsabilités et de ressources aux régions permettrait non seulement d’améliorer l’efficacité de l’action publique, mais aussi de renforcer le sentiment d’appartenance des citoyens à une nation équitablement gouvernée.

Une gouvernance efficace implique également une lutte déterminée contre la corruption et les inégalités d’accès à la justice. Les citoyens doivent pouvoir compter sur des institutions justes, accessibles et transparentes. La décentralisation, souvent évoquée mais encore insuffisamment mise en œuvre, représente une voie stratégique pour rapprocher l’administration des populations. En dotant les collectivités locales des moyens financiers, humains et techniques nécessaires, l’État pourra répondre de manière plus rapide et équitable aux besoins urgents des citoyens.

L’exemple du Guidimakha est particulièrement révélateur. Dans cette région parmi les plus démunies du pays, des initiatives communautaires menées par des organisations locales telles que l’ONG ADIG, l’UCDOB et l’UCFG démontrent comment un lien de confiance peut être restauré grâce à des projets concrets. En soutenant la gestion décentralisée des ressources naturelles, le maraîchage, la nutrition infantile, la transformation des produits agricoles ou encore l’agroforesterie, ces initiatives répondent à des besoins fondamentaux tout en favorisant l’autonomisation économique des femmes et des jeunes. Elles permettent également à l’administration locale de jouer un rôle de facilitateur plutôt que de centralisateur.

Un État véritablement au service de ses citoyens ne se limite pas à fournir des services. Il écoute, rend des comptes, agit de manière équitable et s’intègre dans le tissu local. Il valorise les compétences communautaires, fait confiance aux structures de base et reconnaît que le développement ne peut être décrété depuis les bureaux de la capitale. Ce modèle d’action publique n’est pas une utopie : c’est une nécessité dans un pays où la paix sociale, la cohésion nationale et le progrès nécessitent la réhabilitation du lien entre le citoyen et l’autorité publique.

Aujourd’hui plus que jamais, la Mauritanie a besoin d’un État présent, mais non oppressif, juste, mais non distant, fort, mais au service de ses citoyens. C’est dans cette direction qu’il est impératif d’avancer, pour bâtir un avenir commun fondé sur la confiance, l’inclusion et la responsabilité partagée.

Mohamed BNEIJARA

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