La mise en place de la gouvernance locale en Mauritanie a été globalement jugée positive, établissant durablement ce principe au sein de la société. Cependant, le processus de décentralisation apparaît incomplet et ne s’ajuste pas suffisamment aux réalités administratives et politiques du pays. Cette situation empêche les collectivités locales de s’affirmer et d’exercer un leadership reconnu par la population.

Le gouvernement de Moctar Ould Diay a mis en place une délégation dédiée à la décentralisation, témoignant ainsi d’une volonté politique affirmée en faveur de ce processus. Toutefois, pour que cette initiative porte ses fruits, il est crucial de prêter une attention particulière aux finances locales. En effet, les communes font face à un déficit de ressources nécessaires pour établir de véritables politiques de développement local. Ce manque de moyens financiers et humains affecte profondément le processus de déconcentration, lequel reste embryonnaire et peu efficace. De ce fait, cette situation engendre des obstacles et des dysfonctionnements, compromettant la viabilité et la pérennité de cette démarche.

Les problématiques se déclinent sur plusieurs axes. Tout d’abord, des difficultés persistent quant au partage des responsabilités entre l’État et les collectivités. Le transfert de compétences aux communes est souvent mal réalisé, compromettant ainsi leur autonomie. De plus, l’absence de groupements de collectivités et d’entités régionales entrave l’élaboration de véritables politiques de développement et d’aménagement du territoire. En parallèle, les programmes sectoriels déployés par l’État excluent parfois les collectivités territoriales, malgré leur légitimité à intervenir. Par ailleurs, l’État et ses services peinent à remplir efficacement leur rôle de contrôle, d’appui-conseil et de définition des programmes sectoriels, en raison d’une représentation technique limitée et d’un manque de ressources humaines, techniques et financières.

De plus, la faiblesse des ressources humaines et financières au sein des collectivités territoriales représente une préoccupation majeure. Bien qu’une progression ait été observée dans l’allocation de ces ressources, elles restent néanmoins trop limitées pour permettre aux collectivités d’exercer pleinement leurs compétences et d’accomplir leurs missions. Cette situation entrave leur capacité à mettre en œuvre des initiatives significatives et à répondre efficacement aux besoins des populations locales.

Enfin, l’inefficacité de la participation citoyenne représente un autre aspect crucial à considérer. Des dysfonctionnements persistent en matière de représentation et d’engagement des citoyens, ce qui nuit considérablement à la gouvernance locale. Cette situation limite non seulement l’implication des citoyens dans les processus décisionnels, mais compromet également la légitimité et l’efficacité des politiques publiques mises en œuvre au niveau local.

Il est donc primordial de revitaliser le processus de décentralisation en proposant des solutions concrètes pour remédier à ces dysfonctionnements, afin d’en faire un levier essentiel pour le développement. Cela pourrait passer par la mise en place d’un véritable cadre de décentralisation visant à établir une administration dédiée au développement local. Parmi les mesures envisageables, on pourrait citer l’élaboration d’un nouveau code des collectivités territoriales, une refonte complète du système de fiscalité locale, ainsi que la création d’une véritable fonction publique territoriale. Ces initiatives pourraient non seulement renforcer l’autonomie des collectivités, mais aussi améliorer l’efficacité des services publics au niveau local.

Mohamed BNEIJARA

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *