Du 28 au 31 mars 2022, une vingtaine d’acteurs de la société civile actifs dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ont été renforcés dans leurs capacités en stratégies et techniques de plaidoyer budgétaire, suivi, redevabilité, contrôle citoyen et mobilisation des ressources, mais aussi sur les cadres et mécanismes de prévention et d’alerte précoce. L’atelier a été organisé par Action Contre la Faim (ACF), dans le cadre du PROACT Sahel sur financement de l’Union européenne et la collaboration de plusieurs autres partenaires.
Nouakchott a abrité du 28 au 31 mars 2022, un atelier de renforcement de capacités des bureaux SAP (Système d’Alerte Précoce) et des organisations de la société civile en matière de plaidoyer et de suivi contrôle citoyen des actions publiques dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
L’atelier intervient dans le cadre du projet « Appui au renforcement des dispositifs de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles en Afrique de l’Ouest et au Sahel » (PROACT Sahel).
Existence d’un socle juridique en matière de système d’alerte précoce
Ouvrant les travaux de l’atelier au nom du Ministère des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, notamment du Directeur Général des Stratégies et Politiques, Point Focal SUN Nutrition Mauritanie, M. Abass Sylla, M. Sidaty Ould Sidaty, directeur adjoint de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) dans le même département, a indiqué que la Mauritanie dispose d’un dispositif national d’alerte précoce. Il a précisé que ce dispositif répond aux orientations de la SCAPP qui appelait à « la mise en place d’un dispositif permanent de réponse aux situations d’urgence liées à la sécurité alimentaire et la nutrition ».
S’exprimant au nom de l’ONG internationale ACF, M. Nouhoum Sidibé, Responsable en charge du Programme de Résilience, a indiqué que le PROACT Sahel, financé par l’Union européenne, est un dispositif multi pays et multi acteurs dont l’objectif est l’amélioration de la gouvernance des dispositifs d’alerte précoce et de réponse en Afrique de l’Ouest et au Sahel, afin de réduire les risques liés à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des populations et renforcer leur résilience. Ce projet qui en est à sa 3ème et dernière année, a été mis en place selon lui, par trois organisations internationales, Save The Children, Oxfam et ACF dans 11 pays du sahel et du Golfe de Guinée.
Le PROACT Sahel, d’après M. Sidibé, mène depuis 2012 des activité HAE (analyse économique des ménages), mais aussi dans le domaine de la durabilité et du genre, avec une forte implication de la société civile nationale dans ses actions.
Le projet travaille, selon lui, sur deux volets, l’amélioration de la gestion des crises alimentaires et nutritionnelles d’une part et d’autre part, le renforcement de capacités de la société civile. Le présent atelier destiné à mettre en place un plan de plaidoyer pour le financement des SAP au niveau national et régional, s’inscrit dans ce contexte.
Dispositif national de Prévention et de réponses aux crises alimentaires nutritionnelles (DCAN)
M. Mohamed Ould El Hacen, Assistant Technique à la Cellule d’Appui Technique (CAT) au sein du DCAN, dispositif logé au Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA), a présenté ce mécanisme et le processus ayant conduit à sa création en avril 2021 par décret du Premier Ministre.
Selon lui, le gouvernement mauritanien s’était engagé depuis deux ans dans un processus de concertation visant à équiper le pays d’un mécanisme national de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles, conformément aux objectifs de la SCAPP qui est la vision stratégique de développement de la Mauritanie pour la période 2016-2030.
Un tel dispositif, selon lui, a été jugé indispensable pour assurer la cohérence et l’efficacité des interventions de l’Etat et de ses partenaires face aux crises de plus en plus fréquentes et intenses, affectant la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays. Ainsi est né le DCAN.
La réussite de cette entreprise, selon Mohamed Ould El Hacen, a été facilitée par la contribution de certaines structures provisoires, notamment le Groupe de Travail Multisectoriel, le Groupe de la Sécurité Alimentaire et le Groupe Nutrition. D’après lui, ce dispositif inclusif permettra à la Mauritanie, à l’image des pays voisins de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, de se doter d’un outil de prise de décision et de gestion des crises, liant les fonctions d’alerte précoce et de réponse.
Il a détaillé l’organigramme du DCAN qui est composé d’un Comité de Programmation Alimentaire (CPA) présidé par le Premier ministre et dont le secrétariat est assuré par le Commissaire à la Sécurité Alimentaire. Il comprend aussi un Comité Technique Permanent (CTP) de sécurité alimentaire et nutritionnel dirigé par le Commissaire adjoint du CSA, auquel est rattaché la Cellule d’Appui Technique (CAT) dirigé par un conseiller. Le DCAN comprend aussi un Comité d’Analyse des Besoins (CAB), dont dépend le Groupe Technique Spécialisé (GTS), ainsi qu’un Comité Chargé de la Mise en œuvre de la Réponse (CCMR), auquel est rattaché le Comité Technique Spécialisé (CTS) qui intervient dans les filets sociaux, le suivi de la vulnérabilité des ménages et celui des moyens d’existence.
Le DCAN est aussi représenté dans les régions, selon M. Mohamed Ould El Hacen, à travers un Comité régional de sécurité alimentaire et nutritionnel (CRSAN) présidé par le Wali.
Crises alimentaires nutritionnelles et plaidoyer
Les participants ont suivi plusieurs communications, sur les différents cadres et mécanismes de prévention et de gestion des crises alimentaires en suivant le cycle du dispositif régional (PREGEC), sur le système d’alerte précoce dans le pays, ainsi que sur la stratégie et les techniques du plaidoyer, en passant en revue les types de plaidoyer et leur cycle.
Sur les types de plaidoyer, les participants ont été édifiés sur le Plaidoyer Budgétaire, guidé dans les méandres de la Loi des Finances, de sa préparation jusqu’à son adoption, par M. Gowthiel Houmeid, Directeur adjoint du Budget.
Abordant les différentes phases de la Loi des Finances, il a indiqué que tout plaidoyer pour la mobilisation des ressources dans le budget de l’Etat doit intervenir dès la première phase de préparation du budget, au niveau du cadrage macro. Il a détaillé par la suite, les phases suivantes, notamment la circulaire budgétaire, la réception des avant-projets, leur étude et traitement, la conférence budgétaire, avec recours à l’arbitrage si nécessaire, l’adoption en conseil des ministres, la phase parlementaire, la promulgation et la mise en place du budget.
Par la suite, il a survolé toute la littérature sur la loi des finances, ses principes fondamentaux et ses règles.
Sur la stratégie et les techniques de plaidoyer, la société civile a été rappelée à son rôle de sentinelle, à travers son devoir de veille et de participation citoyenne, notamment sa capacité à faire valoir le point de vue des citoyens dans l’élaboration des politiques publiques, dans le contrôle citoyen de l’action publique et dans la prise de décision.
Les participants se sont scindés par la suite en groupes de travail pour l’élaboration d’un plan de plaidoyer pour que d’ici décembre 2023, le gouvernement institutionnalise et finance à hauteur de 30% les outils de collecte d’informations relatives aux moyens d’existence, que d’ici décembre 2023, le gouvernement finance à hauteur de 15% les enquêtes nationales pour la collecte des données dans le domaine alimentaire et nutritionnel, et que dans la même période, que des données soient disponibles et des dispositifs d’urgence mis en place pour répondre aux besoins des communautés dans quatre régions pilotes, notamment les régions frontalières au sud avec le Mali.
Il s’agissait dans ce plan de plaidoyer, de dresser le Mapping des acteurs, d’évaluer le coût avec la recherche des évidences, puis d’identifier les outils de collecte, notamment l’enquête Suivi et évaluation standardisée des urgences et transitions (SMART), l’enquête Analyse économique des ménages (HAE) et l’enquête Suivi de la sécurité alimentaire des ménages (FSMS).
D’autres experts sont également intervenus dans l’animation de l’atelier, à l’image de Mme Judith Kaboré, du Bureau Régional ACF basé à Dakar (Sénégal) et M. Amadou Bousso de ACF Mauritanie.
Cheikh Aïdara