Au Burkina Faso, les autorités ont annoncé jeudi 24 novembre avoir recruté 90 000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils destinés à seconder l’armée dans la lutte anti-terroriste. Une campagne de recrutement avait été lancée le 24 octobre avec l’objectif de recruter 50 000 volontaires.
L’objectif initial de l’enrôlement est largement dépassé. Dans son communiqué, le lieutenant-colonel Thomas Sawadogo, commandant de la Brigade de veille et de défense patriotique, explique que tous les inscrits ne sont pas encore « retenus pour le moment ». Ceux qui le seront bénéficieront ensuite « d’une formation initiale », selon le communiqué, qui ne donne pas plus de détails.
Parmi ces personnes qui se sont portées candidates pour devenir VDP, il y a Daouda Ouedraogo, électricien de formation. Interrogé par notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani, il se dit révolté par la situation du pays : « Je ne veux pas que ces gens viennent violer nos enfants, nos parents. Notre arme de dissuasion, c’est de s’enrôler pour montrer notre détermination, parce que ce pays-là, c’est le « pays des hommes intègres ». »
Pour Souma, un autre volontaire âgé d’environ 60 ans, aucun Burkinabè ne doit assister impuissant à l’occupation des villages et la fermeture des écoles par les groupes armés. « Ces gens-là, ils ne sont pas plus forts que nous, ils ne sont pas plus nombreux que nous. Ces derniers temps, j’entends ce qu’il se passe dans mon village. Ils sont venus fermer les écoles. Ça me révolte. Je suis décidé à aller jusqu’au bout », estime-t-il.
CERTAINES ORGANISATIONS S’INTERROGENT
Selon certaines organisations de la société civile, l’intégration de ces nouveaux volontaires soulève de multiples questions : Seront-ils suffisamment formés ? Comment seront-ils encadrés sur le terrain ? La cohésion sociale et les équilibres communautaires seront-ils respectés ?
Un habitant de Djibo, dans le Soum (nord), rappelle que l’arrivée de volontaires n’a pas été simple. « Beaucoup venaient des villages environnants et certains ont commis des exactions, explique cette source, ce qui a provoqué une réaction de rejet ».
Adama Congo, président de l’Organisation patriotique de la jeunesse, se satisfait quant à lui que le « peuple burkinabè a accepté le concept de la guerre populaire généralisée ». Il ne s’inquiète pas de la cohésion sociale, car « tous les VDP sont des Burkinabè. »
Contacté par RFI, l’état-major des armées a expliqué qu’il communiquerait sur l’opérationnalisation des nouvelles recrues « en temps opportun ».