Les autorités de la Boucle du Mouhoun, dans le nord-ouest du Burkina Faso, ont ordonné la fermeture pour des « raisons de sécurité » de 43 sites d’orpaillage à partir de mercredi, dans cette région minée par les violences jihadistes.
Dans un arrêté daté du 27 février et publié mercredi, le gouverneur de la région Babo Pierre Bassinga liste 43 sites « d’exploitations artisanale d’or » répartis dans 13 communes qui sont fermés « jusqu’à nouvel ordre ».
« Cela répond au besoin de limiter, voire réduire à néant le trafic des explosifs sur ces sites artisanaux qui sont très souvent détournés au profit des groupes armés terroristes », a expliqué à l’AFP une source sécuritaire jointe dans la région. « Il s’agit aussi d’assécher les sources de revenus de ces groupes dont certains rançonnent les sites miniers qui échappent au contrôle de l’Etat », a poursuivi cette source.
Tout contrevenant aux dispositions de l’arrêté s’expose à des sanctions pénales, a précisé M. Bassinga.
La Boucle du Mouhoun, frontalière du Mali, est régulièrement frappée par des attaques meurtrières de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou l’Etat islamique. Malgré l’interdiction officielle de l’orpaillage artisanal, qui provoque régulièrement des éboulements meurtriers, les autorités burkinabè peinent à contrôler cette exploitation sauvage, exercée par plus d’un million de personnes, selon des chiffres officiels.
Début février, au moins 10 personnes avaient été tuées lors de l’éboulement d’une mine d’or artisanale située dans l’ouest du Burkina Faso, selon des responsables d’une association d’orpailleurs. Un an plus tôt, l’explosion d’un stock de dynamite sur un site d’or artisanal dans l’ouest du Burkina Faso avait fait une soixantaine de morts.
Avec environ 70 tonnes par an, la production des mines d’or légales est devenue en une douzaine d’années le premier produit d’exportation du Burkina Faso, devant le coton. Le secteur artisanal génère une production annuelle supplémentaire d’environ 10 tonnes d’or, selon le ministère des Mines.
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de ces frontières. En sept ans, les violences ont fait plus de 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés internes.