Nouakchott a abrité mardi 7 juin 2022 le démarrage des Assises nationales de concertation sur le rapport du 2ème Plan d’Action de la SCAPP 2021-2025. Pendant deux jours, les participants doivent examiner et valider les documents établis par un consortium de consultants nationaux et étrangers afin de définir les axes directeurs du développement économique et social de la Mauritanie dans les cinq prochaines années.
Après un processus qui a démarré il y a un peu plus d’un mois, le Rapport du 2ème Plan d’Action de la SCAPP 2021-2025 est l’objet d’un atelier de deux jours qui a démarré mardi 7 juin 2022 à Nouakchott.
Des recommandations très attendues
Ouvrant les travaux, le Ministre du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, Ministre des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs par intérim, M. Lemrabott Ould Benahi, a souligné que ce second rapport intervient dans un contexte marqué par la pandémie Covid-19 pour lequel le gouvernement avait mis en place un plan national multisectoriel de riposte en 2020, suivi par le Programme Elargi du Président de la République (ProPEP) en vue de relancer l’économie.
« L’élaboration du second plan d’action de la SCAPP a suivi le schéma de gouvernance en faisant intervenir les Comités de Développement Sectoriels et en impliquant l’ensemble des parties prenantes » a-t-il fait remarquer. Il a rappelé dans ce cadre les trois leviers autour desquels s’est construit la SCAPP et qui ont été développé durant la présentation détaillée de la stratégie.
« Je suis persuadé que l’importante participation des différents acteurs concernés et le haut niveau de représentativité, tout comme la qualité des communications qui seront présentées et des discussions que vous mènerez en travaux de groupes, permettront de formuler des recommandations et propositions utiles pour enrichir le contenu de ce rapport » a-t-il conclu.
Un cadre onusien aligné sur les priorités du gouvernement
Pour sa part, le Représentant Résident du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), par intérim Représentant du Système des Nations Unies en Mauritanie, M. Cheikh Fall, a déclaré que cet exercice auquel sont conviés les participants revêt une importance particulière dans la mesure où il vise à poser les bases sur lesquelles s’établira le développement de la Mauritanie pour les cinq prochaines années.
« Rapprochant un peu plus le pays du rendez-vous de 2030, à une Mauritanie où la croissance économique forte, inclusive et durable, permettra de satisfaire les besoins essentiels de tous les citoyens et réduire la pauvreté absolue, une Mauritanie où l’action publique est efficace et repose sur un bon cadre de gouvernance. En d’autres termes, une Mauritanie où personne ne serait laissé pour compte. Cette Mauritanie que nous voulons tant en 2030 » a-t-il déclaré.
Il a ajouté plus loin que l’exercice se déroule au même moment où le Système des Nations Unies entame le processus d’élaboration du cadre de partenariat et d’appui au gouvernement mauritanien.
« Notre prochain Cadre de Coopération pour le Développement Durable, successeur du Cadre de Partenariat pour le Développement Durable (CPDD) en cours de mise en œuvre s’achèvera par un alignement sur les priorités du gouvernement et les objectifs et interventions stratégiques clés définis dans ce Plan d’Action soumis à votre appréciation durant ces deux jours de travaux » a-t-il rappelé.
Brève présentation de la SCAPP
Le Directeur de la SCAPP, Sidi Mohamed Zenvour, a procédé à une brève présentation de la stratégie, rappelant que le présent rapport soumis à l’examen et à la validation des acteurs est le fruit d’une réflexion menée par un consortium de consultants, le bureau international MAZAR et le bureau mauritanien CDS dirigé par M. Sidna Ould NDah et comprenant plus d’une dizaine d’experts nationaux.
Rappelant le contexte, il a évoqué l’élaboration de la SCAPP 2016-2030, copie locale des ODD, rappelant que le document se décline en trois axes régis par une loi d’orientation.
Il a souligné que le 2ème plan national de la stratégie a accusé du retard dans son lancement à cause de la pandémie Covid-19, précisant qu’il se décline en trois leviers : promotion d’une croissance forte et durable, développement du capital humain et accès aux services sociaux et enfin, renforcement de la gouvernance. Chaque levier comprend trois chantiers avec 189 projets structurants.
D’une manière globale, la SCAPP selon Ould Zenvour s’inscrit dans le cadre des engagements internationaux de la Mauritanie, entre autres, l’Agenda 2030 des ODD, l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, les calendriers spécifiques avec les partenaires et le ProPEP, avec une dimension transversale genre et environnementale.
Il a rappelé que le processus pour ce deuxième plan quinquennal a débuté en mai 2021 et a été lancé en octobre de la même année lors d’un atelier de démarrage auquel la plupart des participants des présentes assises avait pris part. Selon lui, la mise en œuvre est rigoureusement suivie par des organes de supervision et de contrôle, notamment les comités techniques au niveau national et régional, le comité technique de coordination avec ses subdivisions, les comités élargis avec les partenaires et le comité interministériel de pilotage présidé par le Premier ministre.
Cadrage macroéconomique
Sidi Mohamed Zenvour a expliqué que le cadrage macroéconomique repose sur trois scénarios selon que l’impact est important, moyen ou faible, avec des ambitions réalistes qui tablent sur une évolution de la croissance de 2% par an vers une croissance de 7% durant la période 2021-2025.
Le scénario 1 impact important correspond à un PIB supérieur à 46 milliards MRU, soit 12 milliards MRU par an, le scénario 2 impact moyen à 38 milliards MRU avec un apport de 9 milliards par an, et le scénario 3 faible impact avec un PIB de 14 milliards MRU et un apport de 3,4 milliards par an.
Le Directeur de la SCAPP a par la suite abordé les trois leviers de la stratégie et les neuf chapitres qui les composent, avec un diagnostic de la situation correspondant à chaque niveau, avec ses enjeux et ses projets structurants.
Financements et risques
Cette partie a été présentée par le représentant du bureau international MAZAR qui a souligné l’étape cruciale de la mise en œuvre des stratégies et l’importance à prendre en compte les risques inhérents au caractère changeant et fluctuant des environnements, au niveau national et international.
Parlant des financements, il a souligné que le levier 1 de la SCAPP comporte 97 projets, avec 17 interventions et un budget estimatif de 53 millions MRU ; le levier 2 avec 58 projets et un budget estimé à 17,5 millions MRU ; le levier 3 avec 35 projets et un budget de 8 millions MRU.
La cartographie des risques selon l’expert de MAZAR a permis de dégager six typologies de risques, la mobilisation des ressources dans les délais et la maîtrise des délais, la maîtrise des coûts face aux crises, comme celle de l’Ukraine, l’obtention des résultats escomptés, la mobilisation des acteurs et les facteurs exogènes liés aux changements climatiques, les changements de l’environnement des affaires, les crises sanitaires, entre autres.
Selon lui, face à ces aléas, trois mesures sont à prendre au niveau de la gouvernance de la planification, l’adhésion des parties prenantes et la mise en place d’un dispositif de veille.
Travaux de groupe
Les participants se sont scindés par la suite en trois groupes de travail. Groupe secteurs productifs et développement économique présidé par l’ancien ministre Thiam Samba. Groupe Santé, Education et Protection Sociale présidé par l’ancien ministre Isselmou Ould Taleb. Groupe Gouvernance, Sécurité, Décentralisation et Contrôle Citoyen présidé par l’ancien ministre Mohamed Ould Nani.
Cette première plénière a été présidée par Moussa Fall, économiste et consultant international.
A noter que les assises ont vu la présence du Ministre de l’Education Nationale, le Ministre de l’Elevage, la Ministre de l’Environnement, le Secrétaire général du Ministère des Affaires Economiques, le Wali de Nouakchott Ouest et le Hakem, en plus des élus, des experts nationaux et internationaux, des partenaires techniques et financiers, ainsi que la société civile.