La nouvelle composition du gouvernement mauritanien continue de susciter des remous, notamment en raison de la mise à l’écart de l’Union pour la Démocratie et le Progrès (UDP), dirigée par Naha Mint Mouknass. De nombreux observateurs s’interrogent sur les raisons de cette exclusion, d’autant plus surprenante que certains partis ayant obtenu des scores électoraux inférieurs ont été reconduits ou promus au sein de la nouvelle équipe gouvernementale.
Sur les réseaux sociaux et dans les milieux politiques, l’incompréhension est palpable. « Comment peut-on justifier la sortie de l’UDP alors que ce parti dispose d’un poids réel dans l’échiquier politique national ? », questionne un ancien député proche de la majorité, sous couvert d’anonymat. « Cette décision laisse penser qu’il y a d’autres calculs en jeu que ceux basés sur la représentativité ou la compétence. »
La non-reconduction de Naha Mint Mouknass, longtemps ministre et figure politique expérimentée, a été particulièrement remarquée. Si certains y ont vu un désir de renouvellement générationnel, cette hypothèse est rapidement tombée à l’eau. « On nous parlait de rajeunissement, mais les nouveaux visages ne sont pas nécessairement plus jeunes ni plus compétents », ironise un analyste politique de Nouakchott. « Ce n’est pas une question d’âge, c’est une question de ligne politique. »
Pour plusieurs internautes, cette mise à l’écart relève d’une injustice. « L’UDP et Naha méritent respect et considération pour leur parcours et leur enracinement. Ce traitement est incompréhensible », affirme un militant sur Facebook. Une position partagée par une militante de l’UDP dans le Gorgol : « On a travaillé dur sur le terrain, on a obtenu des résultats honnêtes, et voilà qu’on est remerciés par une exclusion pure et simple. »
Même dans certains cercles gouvernementaux, cette décision suscite des malaises. Un conseiller ministériel confie : « Il aurait été plus cohérent de garder l’UDP dans la majorité. Sa sortie crée une brèche dans la coalition. »
Naha Mint Mouknass, connue pour sa discrétion, n’a pas encore réagi publiquement à cette décision. Mais selon des proches, elle « prend acte avec sérénité », tout en restant « vigilante sur l’évolution politique du pays ». Un ancien ministre, proche de l’opposition, ajoute : « Exclure des partenaires crédibles n’a jamais renforcé une majorité. Cela fragilise au contraire le socle de stabilité politique. »
Alors que le pays se dirige vers de nouveaux défis socio-économiques, la mise à l’écart de l’UDP pourrait bien rebattre les cartes au sein de la scène politique mauritanienne. Beaucoup s’interrogent désormais sur la suite que donnera le parti, et s’il pourrait se repositionner en opposition, ou garder une posture d’attente.
Mohamed BNEIJARA