Biram Dah Abeid, président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) et député à l’Assemblée nationale mauritanienne, a marqué les esprits lors du Sommet AURORA 2025, tenu à Los Angeles du 6 au 8 mai. Consacré à l’Éveil Humanitaire, cet événement a rassemblé des figures majeures du journalisme, de la littérature, des droits humains et de l’action humanitaire. Des personnalités telles que des lauréats du Prix Aurora, du Prix Pulitzer, ainsi que Chelsea Clinton, présidente de la Fondation Clinton, y ont pris part.
Dans un discours vibrant, Dah Abeid a dénoncé les injustices structurelles persistantes en Mauritanie et appelé à une transformation profonde du système. Son intervention a résonné comme un appel urgent à la justice, à la paix et à l’égalité. Il a souligné le fossé béant entre les promesses politiques et les réalités vécues par les citoyens, en particulier une jeunesse abandonnée par des politiques inertes et sans ambition.
Il a pointé du doigt l’invisibilité de l’engagement du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani envers la jeunesse, dont les espoirs sont constamment trahis par des nominations partisanes et des politiques figées. Et pourtant, Biram Dah Abeid, souvent attaqué et calomnié sur les réseaux sociaux, demeure un symbole de probité aux yeux de nombreux citoyens. Il n’a jamais exercé de fonction exécutive ni détourné de fonds publics. Son combat, mené au prix de plusieurs emprisonnements, est guidé uniquement par des convictions morales et une volonté de défendre les plus vulnérables.
Biram a plaidé pour que la jeunesse, principal atout du pays, soit au centre du projet national de développement. Il a appelé à une unité nationale réelle, fondée sur le dialogue, le respect et l’écoute, plutôt que sur la peur et la répression. La répression, a-t-il averti, ne fera qu’aggraver les tensions et éloigner les citoyens des institutions de l’État.
Bien que ses efforts pour la reconnaissance des anciens esclaves soient officiellement salués, ils restent souvent sans suite concrète. Il a exhorté les dirigeants à dépasser les clivages ethniques et à valoriser chaque citoyen, quelle que soit son origine, en garantissant à tous un accès équitable à l’éducation, à l’emploi et à la dignité.
Lors de l’élection présidentielle de juin 2024, Biram Dah Abeid a récolté plus de 218 000 voix selon la Commission Électorale Nationale Indépendante. Ce score impressionnant, obtenu majoritairement dans les grandes villes, témoigne du soutien massif d’une jeunesse en quête de changement, toutes ethnies confondues. Malgré cela, il est la cible de nombreuses accusations infondées, certains allant jusqu’à l’accuser de vouloir diviser les communautés. Or, ses principaux opposants oublient que les Hratines, qu’il défend, forment aussi une base électorale solide du pouvoir actuel.
Dans ce contexte, le président Ghazouani est invité à entendre ce message de renouveau exprimé par une frange importante de la population. La Mauritanie se trouve à la croisée des chemins. L’unité nationale et la stabilité ne pourront être garanties que par la reconnaissance de la diversité des opinions et par l’intégration de toutes les forces vives, y compris celles qui militent pour une réforme en profondeur du système.
Une démocratie véritable repose sur des piliers fondamentaux : la participation de tous, la reddition de comptes des dirigeants, l’égalité des droits, la liberté économique, l’indépendance des pouvoirs, le pluralisme politique, la tenue d’élections libres et équitables, et enfin, une liberté d’expression pleine et entière. Sans opposition, la démocratie se meurt. Sans presse libre, elle se sclérose. Sans inclusion, elle échoue.
C’est à cette démocratie-là que Biram Dah Abeid aspire. Et c’est à cette démocratie que le peuple mauritanien a droit. Pour construire une paix durable et une stabilité authentique, la Mauritanie doit impérativement sortir des logiques de stigmatisation et de diabolisation. Elle doit ouvrir un dialogue sincère avec ceux qui incarnent une vision progressiste. La justice sociale, loin d’être une menace pour l’ordre établi, est une condition indispensable à sa pérennité.
Cette orientation s’inscrit dans les engagements exprimés par le président de la République lui-même. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani affirmait : « La Mauritanie, riche de sa diversité culturelle, est déterminée à dépasser les survivances de traditions et coutumes ancestrales dont certaines sont en contradiction avec les progrès universels en matière de droits humains. Un élan sincère de concorde, de fraternité et d’acceptation de l’autre est essentiel pour garantir une cohésion nationale où chaque contribution sera un enrichissement collectif. »
Il est donc temps de traduire ces paroles en actes. Il est temps d’engager une action ambitieuse pour éradiquer les séquelles de l’esclavage, réparer les injustices historiques et réduire les disparités sociales. En soutenant ceux qui portent ces combats, et non en les combattant, l’État mauritanien fera le choix de l’avenir, de la justice et de la paix.
Mohamed BNEIJARA