La campagne de Sidi Ould Tah, candidat mauritanien à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), se déroule actuellement à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Si des dizaines de journalistes mauritaniens ont fait le déplacement, leur attention semble se détourner des enjeux cruciaux pour se concentrer sur des polémiques mineures, notamment liées à l’accès aux badges. Pourtant, l’essentiel demeure : soutenir un candidat qui représente une chance unique pour la Mauritanie et l’Afrique.
Ancien ministre de l’Économie et du Développement, Sidi Ould Tah a dirigé la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) de 2015 à 2025. Son parcours, mêlant expertise technique et diplomatie, lui confère une stature respectée parmi les acteurs financiers africains et internationaux. Sa candidature bénéficie d’un soutien solide, avec l’appui de la Mauritanie, de l’Arabie saoudite, de plusieurs pays du Golfe, ainsi que d’États d’Afrique de l’Ouest, comme la Côte d’Ivoire et le Bénin. Cependant, le chemin vers la présidence de la BAD s’annonce semé d’embûches.
Le soutien déterminant du Nigeria, premier actionnaire de la Banque, sera crucial, car son vote pourra faire pencher la balance. En l’absence de cette approbation, toute mobilisation régionale risque d’être insuffisante. De même, l’appui d’acteurs influents tels que les États-Unis pourrait s’avérer déterminant. Ainsi, la campagne de Sidi Ould Tah doit impérativement s’inscrire dans une logique diplomatique, en ciblant les capitales décisionnelles et les véritables relais d’influence.
Il serait illusoire de penser qu’une vague d’applaudissements ou quelques relais médiatiques internes suffisent à modifier le cours de cette élection. Une telle perspective nous éloigne de notre objectif et de l’optimisme lucide que nous devrions maintenir. L’enjeu est trop important pour être dilué dans des considérations secondaires.
La Mauritanie a ici une occasion rare de voir l’un de ses fils à la tête d’une des institutions les plus influentes du continent. Pour saisir cette chance, il est impératif d’adopter une approche sérieuse, cohérente et de garder les priorités à l’esprit. Tout le reste, aussi visible soit-il, n’est qu’une distraction.
Mohamed BNEIJARA