La récente saisie de plusieurs tonnes de médicaments illicites met en lumière une crise alarmante au sein du secteur pharmaceutique mauritanien. La Compagnie Centrale d’Achat de Médicaments et de Fournitures Médicales (CAMEC) est au centre de cette controverse, confrontée à des accusations de pratiques douteuses et à des manquements répétés à sa mission fondamentale. Ce constat soulève d’importantes interrogations sur la sécurité et la qualité des soins de santé dans le pays.

L’importation de médicaments en provenance du Mali, un pays aux prises avec des défis sécuritaires et souvent perçu comme un point d’entrée pour divers trafics, accroît les inquiétudes. La CAMEC justifie cette démarche par des circonstances exceptionnelles, mais les doutes persistent. Des médicaments essentiels, tels que le sérum salin et le paracétamol injectables, ont été acheminés par des canaux peu fiables, mettant en évidence un manque de rigueur et de transparence au sein de l’institution.

Malgré les déclarations rassurantes de la CAMEC, la méfiance du public est alimentée par un passé chargé, marqué par des dépassements budgétaires, des irrégularités dans les appels d’offres et une opacité dans le choix des fournisseurs, souvent des courtiers aux pratiques discutables. Ce climat crée un terreau fertile pour l’émergence anarchique de pharmacies privées et de cabinets médicaux, ouvrant la voie à des trafics préjudiciables pour la santé des Mauritaniens.

La saisie de médicaments illicites ne doit pas être vue comme un fait isolé, mais comme un signal d’alerte sur une véritable crise sanitaire. La confiance des citoyens envers le système de santé est sérieusement érodée, et il est crucial de reconnaître que cette situation représente une menace non seulement pour la santé publique, mais également pour la stabilité nationale.

Pour répondre à cette crise, de nombreux experts appellent à une réforme profonde du système de traçabilité des médicaments. Parmi les recommandations phares, on trouve l’instauration d’un système numérique de traçabilité, utilisant des codes-barres ou des QR codes pour suivre chaque lot de médicaments depuis leur fabrication jusqu’au patient, ainsi qu’un renforcement du cadre réglementaire, notamment par l’adoption de lois strictes et la création d’une agence nationale indépendante de surveillance pharmaceutique. Il est également nécessaire de renforcer les contrôles aux frontières pour empêcher l’entrée de produits falsifiés ou périmés, tout en sensibilisant le public aux dangers de l’achat de médicaments en dehors des circuits officiels.

Enfin, une coopération internationale apparaît comme indispensable, notamment avec des organismes tels que l’OMS, afin d’harmoniser les pratiques de contrôle et de certification, garantissant ainsi que les médicaments disponibles sur le marché soient sûrs et efficaces.

Face à cette crise dans le secteur pharmaceutique mauritanien, des mesures fermes et urgentes s’imposent. La traçabilité, la transparence et la rigueur dans l’importation et la distribution des médicaments sont devenues des nécessités vitales. Pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions sanitaires, l’État doit s’engager clairement et mener des actions concrètes. La santé publique, pilier fondamental de la stabilité nationale, nécessite une action immédiate.

Mohamed BNEIJARA

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