Nouakchott, le [date à compléter] – Un atelier national s’est tenu ce mardi à Nouakchott pour présenter les résultats d’une enquête approfondie sur l’état de l’alimentation scolaire en Mauritanie. Organisé par l’Association Mauritanienne pour le Plaidoyer (AMP), en collaboration avec l’Alliance Société Civile SUN Mauritanie, et avec l’appui de World Vision, cet événement a réuni une trentaine de participants venus de différentes zones du pays.
L’enquête a couvert six wilayas et neuf Moughataas, permettant de dresser un état des lieux détaillé de l’évolution du programme d’alimentation scolaire entre 2019 et 2024. Les données montrent une progression remarquable : le nombre de cantines scolaires est passé de 512 à 1 711, tandis que le nombre d’élèves bénéficiaires a quadruplé, atteignant 242 548 enfants contre 63 025 il y a cinq ans. Le budget annuel alloué par l’État est désormais de 150 millions MRU, soit environ 3,6 millions de dollars américains.
Cette avancée constitue un progrès significatif en matière de justice sociale, de droit à l’éducation et de réduction des inégalités dans les zones rurales et marginalisées. Le repas scolaire quotidien, en plus de répondre à des besoins nutritionnels critiques, constitue un puissant levier de maintien des enfants à l’école, notamment pour les filles, souvent contraintes d’abandonner les classes en période de soudure ou de précarité alimentaire.
Cependant, l’étude rappelle que cette expansion rapide du programme doit être consolidée par des mesures d’accompagnement structurelles. Elle insiste notamment sur la nécessité de créer des conditions dignes et attrayantes pour les repas, en construisant des réfectoires adaptés, comme ceux réalisés par Counterpart International, qui servent aujourd’hui de modèles. L’enquête souligne aussi la nécessité de diversifier l’alimentation fournie, en privilégiant les produits locaux à haute valeur nutritive (niébé, mil, moringa, légumes, fruits), afin d’améliorer l’impact nutritionnel sur les enfants et de stimuler l’économie rurale.
Un autre point ressorti avec force est celui de la motivation des comités de gestion scolaire, souvent bénévoles, mais dont le rôle est essentiel pour assurer le bon fonctionnement, la transparence et la pérennité des cantines. Les participants ont également mis en avant l’importance de renforcer les capacités des acteurs locaux, y compris les enseignants, parents d’élèves, et organisations communautaires.
Au-delà des aspects logistiques, l’atelier a permis de formuler un plaidoyer clair : inscrire durablement l’alimentation scolaire dans les lignes budgétaires de l’État, afin de sécuriser le programme sur le long terme, d’en élargir la couverture, et de réduire la dépendance aux financements extérieurs. Cela suppose une véritable volonté politique, traduite dans la planification budgétaire, les stratégies éducatives et les politiques multisectorielles de lutte contre la pauvreté et la malnutrition.
« Les cantines scolaires ne doivent pas être perçues comme une dépense, mais comme un investissement stratégique dans le capital humain. Elles sont un pilier fondamental pour l’éducation, la santé, et le développement local », a déclaré un représentant de l’AMP en marge de l’atelier.
L’engagement exprimé par les participants et la richesse des échanges témoignent d’un consensus fort autour de l’enjeu que représente l’alimentation scolaire pour la Mauritanie. Cet atelier pourrait ainsi marquer une étape décisive dans la formulation d’une politique nationale de nutrition scolaire intégrée, durable et résiliente, à la hauteur des besoins des enfants et des communautés.
Les recommandations issues de cette enquête constituent désormais une base solide qui permettra aux acteurs concernés – organisations de la société civile, partenaires techniques, collectivités locales – de mener un plaidoyer structuré et fondé auprès des décideurs publics. L’objectif est clair : inscrire l’alimentation scolaire comme une priorité stratégique de l’État, adossée à des engagements budgétaires, institutionnels et multisectoriels concrets.
