Le Rénovateur Quotidien – Dès votre arrivée au pouvoir, vous avez décidé de poser des actes sur le chantier de l’éducation nationale.
L’ancien élève du collège de Kiffa que vous avez été au temps où la réussite était fondée sur les valeurs du mérite et de la discipline voudrait-il réellement faire de la réforme du système Éducatif sa plume et son buvoir pour réécrire l’ancienne gloire de l’école mauritanienne.
La création d’un ministère de l’éducation et de la réforme dédié à cette cause et doté d’un gros budget fut investi de cette mission de remise en marche d’une machine éducative rouillée.
Les mauritaniens ne pouvaient que fonder un espoir sur ce projet pharaonique d’une école Républicaine que chaque réforme s’évertue à intégrer dans sa feuille de route. Mais le problème est plus complexe que l’idéal qui anime Mohamed Ould Ghazouani.
Reformer l’école mauritanienne , plus qu’un parcours de combattant est un projet herculéen. Deux écueils limitent la finalisation de cette œuvre grandeur nature .Le.premier c’est l’allure d’improvisation que cette réforme a prise.
En effet, il aurait fallu engager une réflexion approfondie qui interroge des expériences diverses, en première ligne , les réformes antérieures , en s’appuyant sur des approches comparatives dont le croisement fournirait des prototypes qui serviraient à établir des choix adaptés aux besoins et à l’environnement social et institutionnel.
Au bout de quelques mois, des réunions regroupant quelques experts en réseautage ont monté une plateforme virtuelle à l’échelle d’un pays à faible couverture numérique, pour déclencher le processus dans une approche où les produits et les contenus sont commandés par des fonctionnalités techniques destinées plus au bourrage des crânes qu’à voir clair l’horizon de la future école que nous souhaitons bâtir aux futures générations.
Ce format numérique a permis de lancer des ateliers locaux pour déboucher sur les journées de concertation tenues en pompe. Il est évident qu’en termes de participation , le nombre d’intervenants est important. Mais qualitativement les résultats produits sont le fruit de l’extrapolation des synthèses très sommaires dont les reformulations n’ont pas amélioré les contenus. D’autant plus que plusieurs propositions et recommandations ont été tout simplement ignorées.
Le deuxième écueil est l’éternelle question des langues d’enseignement. La réforme actuelle , disons la loi d’orientation pour noyer les esprit dans la terminologie vague est restée figée sur les mêmes choix : l’arabe comme langue officielle , le français comme langue d’ouverture et les autres idiomes comme de simples gadgets. Enseigner le français dans les matières scientifiques au détriment des autres langues y compris l’arabe reléguerait celles -ci à de simples supports de cultures poétiques.
En plus, toutes les réformes du système éducatif mauritanien se focalisent plus sur le problème des langues que sur le contenu des programmes. Or, il est impératif d’intégrer de nouvelles disciplines dans les curricula pour offrir aux enfants de nouvelles matières promptes à orienter leurs futures carrières.
Dans un monde où la conquête scientifique et technologique impose de nouvelles règles, les choix éducatifs doivent dépasser les barrières politiques et les préférences idéologiques devenues anachroniques pour faire des réformes éducatives de véritables creusets de libération d’énergies créatrices au lieu de les réduire à de simples îlots d’affrontements politiques où les élites de demain loin de s’aimer. porteront les germes de la haine et des complexes identitaires.
Si tel est le cas, Monsieur le Président à quoi bon de porter un projet théoriquement noble mais conceptuellement mal défini par ceux à qui vous avez confié cette lourde charge. Plus inquiétant, ces responsables filent le même mauvais coton pour habiller notre système des mêmes accoutrements. L’artisan de la refondation de l’école que vous aviez pris la responsabilité d’incarner se doit de revoir la copie pâle d’une version pleine d’insuffisances dont les erreurs sont toujours corrigibles.
Plutôt que de préserver un modèle qui pourrait entamer la cohésion sociale et alimenter les dérivés politiques autour d’un système censé unifier l’enseignement. Sachez que l’école est le référentiel du développement et le reflet des équilibres socioculturels d’un pays.
De son architecture dépend l’orientation du destin d’une Nation.
CTD