Ebaye Dah Emine – Préambule
Nombreuses sont les études qui qualifient la ville de Nouakchott comme étant vulnérable aux changements climatiques, notamment en matière de l’eau en excès (battance de la nappe, débordement de la mer, inondations suite à l’augmentation de l’intensité de la pluviométrie…).
Dans les lignes qui suivent, nous allons plutôt traiter un autre aspect des risques qu’encourent Nouakchott selon les scénarios de ce phénomène mondial. Il s’agit de la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable sur le moyen et long termes
Rappel
Jusqu’en 2010, Nouakchott était alimentée par le champ captant d’Idini situé à 60 Km à l’est de la ville au niveau de la nappe de Trarza. L’eau était véhiculée à partir d’Idini vers le château d’eau central de la ville par l’intermédiaire de deux conduites d’adduction de DN 700m m.
Le projet d’Aftout Essahili a permis depuis octobre 2010, l’alimentation de Nouakchott en eau potable par le biais d’une conduite en fonte ductile de DN 1400mm et une longueur de 168km, à partir du fleuve Sénégal.
Depuis sa mise en exploitation, l’adduction Aftout, produit en moyenne 74 000 m3/jour d’eau potable sur le volume moyen de 90 000 m3/j produit pour satisfaire les besoins de la population de Nouakchott. Le projet Aftout a résolu le problème de disponibilité d’eau potable, même-si au niveau de la distribution (valeur réelle perçue par le citoyen), beaucoup d’efforts restent encore à fournir.
La production d’eau potable à partir du fleuve Sénégal sera affectée non seulement quantitativement, mais aussi qualitativement, s’agissant d’une eau superficielle plus sensible à la pollution, à l’évaporation et qui nécessite un coût plus important pour sa potabilisation (process, réactifs, énergie…).
Cela implique une analyse fine des enjeux de cette ressource et des écosystèmes qui en dépendent. Mais avant tout, il faut améliorer le rendement du réseau, afin de lutter contre le gaspillage et les pertes dans le réseau de distribution.
Bien qu’un projet de renouvellement et d’extension du réseau dégradé de la SNDE est en cours, il est urgent d’en accélérer le rythme des travaux dans le respect des aspects techniques et règles de l’art (conditions d’écoulement, qualité des matériaux…).
Il est évident qu’une fois achevé, ce projet aura un impact positif sur les problèmes de stagnation des eaux au niveau de la ville, fléau qui porte préjudice aux nouakchottois depuis plusieurs années.
Également, il est opportun de rationaliser l’usage des pesticides et des fertilisants chimiques dans la mesure du possible en considération du contexte local et de privilégier le l’utilisation des engrais organiques.
Rappelons qu’il est nécessaire de veiller à l’efficacité des contrôles relatifs à l’utilisation des pesticides classés néfastes par l’OMS et la FAO. En lien avec les aménagements et la valorisation des terres agricoles dans la vallée du fleuve Sénégal, une attention particulière doit être accordée aux rejets et sous-produits générés par l’activité de l’industrie agroalimentaire dans la zone, déjà opérationnelle, mais surtout celle programmée et dont les travaux sont en stade avancé.
Aussi, il fort probable que l’intensité des pluies augmente, ce qui va générer des apports ponctuels des eaux peu oxygénées et chargées en contaminants-polluants, entraînant une diminution de la capacité d’autoépuration, et par conséquence l’augmentation de la concentration des ‘impuretés’ dans l’eau du fleuve.
Ces ‘impuretés’ limitent le recours à certaines techniques de traitement/production d’eau potable (cf. l’ultrafiltration). Il convient de repenser dès à présent des alternatives pour les méthodes d e potabilisation de l’eau prélevée.
Dans ce sens, il faut signaler qu’avec les changements climatiques, le bas delta du fleuve Sénégal sera affecté par les aléas côtiers et la montée du niveau de la mer, ce qui rendra le taux du sel plus élevé dans l’eau, d’où l’importance d’établir un plan d’adaptation pour l’approvisionnement en eau potable, de la ressource à la distribution.
C’était une brève et rapide réflexion non approfondie pour attirer l’attention sur cet aspect moins traité aujourd’hui, du moins, au même niveau que les submersions marines
Ebaye Dah Emine
Responsable du Service Environnement – Énergie – Assainissement Bretagne romantique.