Le gouvernement doit anticiper, dès la fin de ce mois, la mise en place de comités villageois de vigilance contre les feux de brousse. La situation sécuritaire au Mali, couplée à la récente décision des autorités maliennes d’interdire l’entrée des troupeaux mauritaniens dans les zones frontalières, représente une menace grave pour notre cheptel. Des millions de têtes de bétail, qui dépendaient traditionnellement des pâturages maliens, risquent d’être gravement affectées par la raréfaction des ressources locales.
Dans ce contexte alarmant, un programme d’urgence doit être rapidement instauré pour garantir l’accès à l’aliment bétail à des prix subventionnés. Il est crucial d’ouvrir des points de vente dans toutes les wilayas pastorales avant la fin d’octobre. La mobilisation des forces de sécurité civile et des autorités locales est indispensable pour soutenir les efforts de prévention et d’extinction rapide des feux.
Il est impératif que chaque commune et région établisse des comités locaux de veille dans chaque village. Ces comités devraient être responsables de l’aménagement de pare-feu et de corridors pastoraux, de l’établissement d’une cartographie des zones de pâturage à protéger, et de la coordination de leur gestion avec les services techniques. En outre, la société civile et les ONG ont un rôle crucial à jouer : elles doivent sensibiliser les éleveurs et les populations aux bonnes pratiques de prévention des incendies, établir des canaux de communication modernes (comme des groupes WhatsApp) pour alerter rapidement en cas de danger, former des brigades villageoises volontaires capables d’intervenir dès les premiers départs de feu, et soutenir la distribution d’aliment bétail ainsi que le suivi nutritionnel du cheptel.
La situation actuelle est exacerbée par le fait que de nombreux éleveurs maliens, présents sur le territoire mauritanien à la recherche de cures salées, risquent de ne pas pouvoir regagner leur pays en raison de possibles représailles. Cela augmente encore la pression sur nos pâturages et renforce l’urgence de les protéger. La mise en place d’une cellule nationale de suivi, réunissant des représentants de l’État, des collectivités et de la société civile, est essentielle. Cette cellule devra effectuer une évaluation mensuelle de l’état des pâturages et de l’application des mesures mises en place. L’objectif partagé doit être clair : zéro incendie et disponibilité d’aliment bétail subventionné pour les éleveurs vulnérables.
Cette année, plus que jamais, la préservation de nos pâturages et la protection du cheptel doivent être érigées en priorité nationale. Elles conditionnent directement la survie de milliers de familles pauvres dont la vie dépend de l’élevage. Il est temps d’agir de manière concertée et déterminée pour garantir un avenir durable à notre agriculture et à nos éleveurs.
Mohamed BNEIJARA