Alors que plusieurs groupes de notre société mauritanienne s’interrogent sur les moyens de préserver et de renforcer le lien de confiance entre l’État et les citoyens, il est essentiel de rappeler que ce lien ne peut être solide que s’il repose sur le respect des droits humains et sur l’application des lois et conventions internationales que la Mauritanie a ratifiées. Ces engagements, tels que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP, art. 25) garantissant le droit de chaque citoyen de participer à la vie publique, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC, art. 11) reconnaissant le droit à un niveau de vie suffisant, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (art. 13) qui consacre le droit de participer librement à la direction des affaires publiques, ou encore la Convention relative aux droits de l’enfant (art. 24 et 27), imposent à l’État l’obligation d’assurer à chaque citoyen sans distinction une protection égale de ses droits et une participation effective.

La confiance des citoyens envers l’État ne peut exister que s’il existe des mécanismes juridiques permettant de contrôler l’action de l’administration et de garantir aux individus un recours effectif lorsqu’ils subissent une décision arbitraire ou injuste. Le développement d’un droit administratif moderne et accessible devient une urgence pour assurer la qualité de la décision publique, renforcer la transparence et permettre une véritable participation citoyenne. L’État doit rester un régulateur impartial, garant de l’équité entre tous les citoyens, et non une partie prenante dans les conflits ou divisions.

Dans ce contexte, les discours et prises de position à caractère ethnique ou racial constituent une grave menace pour la cohésion nationale. Aucun citoyen ne peut prétendre parler au nom d’une communauté s’il n’a pas été mandaté par la loi. Tout autre discours ne fait qu’attiser les tensions, provoquer des divisions et fragiliser notre tissu social. L’État a l’obligation, conformément au PIDCP (art. 20) qui interdit toute propagande en faveur de la haine nationale, raciale ou religieuse, de protéger l’unité nationale en interdisant et en sanctionnant toute instrumentalisation des identités.

L’urgence pour notre pays est ailleurs : combattre la pauvreté, réduire l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, faire face à la menace terroriste, gérer la pression des flux de réfugiés à nos frontières. Ces défis, d’une ampleur inédite, exigent de nous solidarité et union plutôt que fragmentation et exclusion.

Les propos à caractère ethnique, lorsqu’ils émanent de personnes non autorisées et diffusés sur les réseaux sociaux, créent un sentiment d’exclusion et de marginalisation qui mine directement la confiance entre l’État et certaines composantes de la société. Si un grand nombre de citoyens se sentent mis à l’écart, c’est toute la crédibilité des institutions et du système politique qui se trouve affaiblie. À terme, cela représente une menace pour la paix sociale et pour la stabilité même de l’État.

Il est donc indispensable que l’État renforce la participation citoyenne sous toutes ses formes : élections libres et transparentes, consultations publiques, pétitions, initiatives citoyennes. La Déclaration universelle des droits de l’homme (art. 21) et la Charte africaine (art. 9 et 13) consacrent le droit à la participation et à l’information. La transparence et la redevabilité ne sont pas des options mais des obligations : les citoyens doivent avoir accès à l’information sur les politiques, sur les décisions prises par les gouvernants et sur l’utilisation des ressources publiques.

Le gouvernement doit agir rapidement pour consacrer pleinement le droit des citoyens à s’exprimer, à critiquer et à participer à la gestion des affaires publiques, tout en veillant à prévenir toute instrumentalisation ethnique ou communautaire du pouvoir. La Mauritanie doit se construire sur une base d’inclusion, d’équité et de respect des droits humains, afin que chaque citoyen se sente protégé, reconnu et partie intégrante du destin commun. L’unité nationale, la justice et la confiance entre l’État et son peuple constituent les piliers essentiels sur lesquels reposent la stabilité et l’avenir de notre pays.

Mohamed BNEIJARA

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