Dans un contexte marqué par des défis multiples — insécurité alimentaire, déséquilibres territoriaux, décentralisation inaboutie — la Mauritanie a besoin d’un État stratège, présent et efficace sur l’ensemble de son territoire. Cela suppose de repenser et renforcer le rôle des walis, représentants de l’État dans les wilayas. À l’image du modèle français des préfets, le wali devrait incarner l’autorité de la République au niveau local, avec des prérogatives claires, une autorité renforcée et des moyens accrus.

Actuellement, les walis sont souvent réduits à des fonctions protocolaires ou à la simple transmission de directives. Or, dans une République, il ne peut y avoir de véritable développement, ni d’État efficace, sans une administration territoriale forte, neutre, et respectée.

Le wali devrait être avant tout le représentant direct du Président de la République et du Gouvernement. Il doit faire appliquer la loi et les politiques publiques nationales dans sa wilaya, coordonner tous les services déconcentrés de l’État afin d’assurer une réponse cohérente aux besoins des citoyens, être garant de la sécurité publique, de la paix sociale et de la régulation administrative, jouer un rôle central dans la prévention des crises — conflits fonciers, tensions sociales, catastrophes naturelles — et superviser les élections avec rigueur et neutralité.

Pour que cette mission soit pleinement remplie, le wali doit disposer d’une autorité réelle sur tous les services de l’État opérant dans sa wilaya, y compris les directeurs régionaux. Il ne peut être un simple spectateur pendant que certains services techniques ou élus locaux agissent en dehors de toute coordination ou redevabilité. Il est également essentiel que le ministère de l’Intérieur joue pleinement son rôle de pilotage et d’évaluation des walis, à travers une culture de résultats, de discipline administrative, mais aussi de protection des représentants de l’État contre les pressions politiques locales.

À l’instar des préfets français, les walis doivent rester en dehors de toute logique politicienne. Ils ne sont pas là pour faire carrière dans un parti ou servir des intérêts locaux, mais pour servir l’intérêt général, la République, et les citoyens. Leur nomination doit se faire selon des critères de compétence, d’expérience et d’intégrité. Leur mission est de mettre en œuvre les politiques publiques décidées au sommet de l’État, dans le respect des lois et des principes républicains.

La réforme de l’administration territoriale est une urgence pour la Mauritanie. Il ne s’agit pas de recentraliser, mais au contraire de faire en sorte que l’État soit réellement présent et opérationnel dans toutes les wilayas, au service du développement, de la justice et de l’égalité des chances. Un wali bien formé, bien appuyé, et clairement mandaté, peut devenir le levier décisif de la mise en œuvre des politiques nationales, de la cohésion sociale, et de la réponse aux attentes des citoyens.

L’histoire et la stabilité de notre pays dépendent de la capacité de l’État à être présent au bon moment, au bon endroit, avec les bonnes réponses. Et cela commence par la redéfinition et la revalorisation du rôle du wali, véritable pilier de la République mauritanienne.

Mohamed BNEIJARA

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