La police mauritanienne, dont la mission essentielle est d’assurer la sécurité et la protection des citoyens, semble, selon la perception des habitants, s’éloigner progressivement de ses devoirs fondamentaux. Son attention semble désormais se focaliser de plus en plus sur la collecte d’impôts et de taxes communales. Ce changement de cap suscite des interrogations quant à l’efficacité de cette institution au service de la population, dont l’objectif primordial devrait être de garantir la sécurité publique et de veiller au respect des droits des citoyens. Cette évolution met en exergue un écart croissant entre les attentes de la population et les actions menées par les forces de l’ordre.

L’État représente l’autorité publique, une entité organisée dont le rôle est de garantir l’unité et la cohésion de la société. Il a la responsabilité de veiller au respect des droits civiques de ses citoyens, notamment le respect de la vie privée, la liberté d’expression et le droit de s’engager dans la vie politique, qui constituent les fondements de cette organisation. En retour, les citoyens ont l’obligation de respecter les lois et de contribuer à l’économie nationale en s’acquittant de leurs impôts.

La police nationale, en tant qu’entité sécuritaire la plus proche des citoyens, a pour mission traditionnelle la protection des personnes et des biens, la prévention de la criminalité, la recherche et la constatation des infractions pénales, ainsi que le maintien de l’ordre public. Toutefois, il paraît que, dans le contexte actuel, une part de ses activités se concentre davantage sur la détection d’infractions commises par les usagers de la route, au détriment d’une approche plus efficace de la prévention de la délinquance.

Il est fondamental que la police collabore avec d’autres institutions de l’État pour améliorer la collecte des taxes et des impôts. Toutefois, il est tout aussi crucial d’établir une communication claire et transparente entre ces organismes et les citoyens. Cela permet à ces derniers de comprendre que leurs contributions fiscales sont indispensables pour des secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé et la sécurité. Informer et sensibiliser les citoyens sur l’importance de leurs impôts pourrait représenter une méthode plus efficace pour instaurer la confiance entre les citoyens et les institutions publiques, plutôt que de recourir uniquement à la coercition.

De surcroît, les administrations fiscales et les collectivités locales doivent adopter une approche proactive et ne pas se dérober derrière la police, qui ne devrait intervenir qu’en cas de refus de paiement. Son rôle devrait se limiter à celui d’un dernier recours, servant à arbitrer les différends entre les parties. En effet, la police doit assumer une fonction de régulateur, et non de collecteur.

Ce constat est d’autant plus alarmant que la présence de la police sur les routes semble diminuer durant la nuit, suscitant une inquiétude grandissante parmi les citoyens, qui interprètent cette absence comme une forme de démission, ouvrant ainsi la porte aux délinquants pour commettre leurs méfaits. Une telle situation pourrait accentuer un fossé dangereux entre la police et la population, amenant cette dernière à percevoir l’institution non pas comme un protecteur, mais plutôt comme une menace, visible uniquement pour infliger des sanctions.

Il est primordial de rappeler à la police que sa mission essentielle est d’inspirer la fierté des citoyens par sa présence. Plutôt que de se positionner en tant qu’adversaire, elle devrait s’engager dans des actions visant à aider, soutenir et accompagner les Mauritaniens dans leur quotidien.

La police doit renouer avec sa vocation originelle, qui consiste à assurer la sécurité tout en établissant un climat de confiance avec les citoyens. En se positionnant comme un partenaire de la communauté, elle pourra affermir son rôle essentiel dans la protection des droits et des libertés de chacun.

Mohamed BNEIJARA

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