Sidi El Moctar Taleb Hamme – Cet écrit est un cri d’alarme et une invitation des mauritaniennes à se mobiliser pour la sauvegarde d’un patrimoine halieutique appartenant aux générations présentes et que celles-ci ont le droit de défendre et le devoir de léguer à leurs progénitures puisqu’il s’agit d’une ressource biologique, par définition renouvelable.
Il est vrai que nous avions les côtes les plus (ou parmi) les plus poissonneuses au monde et que notre potentiel permissible annuel est passé, bizarrement ces dernières années, de 1.600.000 tonnes toutes espèces confondues à 1.800.000 tonnes (ou 1.832.000 T) dont environ 500.000 T d’espèces démersales et 1.300.000 T de pélagiques.
Malgré un passé glorieux et dynamique des populations providentielle, il semble que la situation devient, selon différentes sources, alarmante pour plusieurs espèces et groupes d’espèces ou de façon générale : Greenpeace, des chercheurs de l’IMROP, des professionnels pratiquant la pêche et l’Administration au niveau de Nouadhibou, chargée de préserver l’intérêt général et de suivre tout ce qui pourrait être une source de déstabilisation (alerte sur le pillage es ressources.
Au niveau des démersaux, on cite comme exemple parmi les composantes de la ressource déjà surexploitées, le poulpe, le groupe des poissons démersaux et la langouste rose.
Les autres suivront si rien n’est fait pour arrêter la catastrophe puisque dans les zones tropicales la diversité biologique est grande et les espèces partagent souvent les mêmes habitats dans la zone côtière, particulièrement pendant les périodes de reproduction et à l’état juvénile et puis lors de certaines migrations saisonnières ; ces dernières étant appelées à s’intensifier sous la pression de la pêche et l’effet des changements climatiques.
Aussi, le slogan ‘’les petits pélagiques sont l’avenir de la Mauritanie’’ risque d’être compromis sous l’effet combiné d’une politique qui a jusqu’ici fait fi du rôle de l’effort de pêche, d’une prolifération insensée des fabriques de farine de poisson et de l’amalgame qui entoure l’exploitation des stocks pélagiques partagés (si le poisson n’est pas pris par la Mauritanie, il le sera par le Sénégal et le Maroc voisins).
Devant cette situation où la durabilité de la ressource devient un souci partagé, l’actuel Ministre des pêches prétend déjà prendre connaissance des multiples enjeux et défis dans son secteur et déclare solennellement une volonté d’arrêter la pagaille et d’œuvrer pour laisser des résultats tels qu’on se souviendra de son passage. Sa stratégie en cours de préparation pour 2022-2024 et l’équipe qui l’entoure, seront, à ce sujet, sa baguette magique ou une sorte de mascotte.
Pour moi, employé dans ce Ministère depuis 1990 et témoin sur beaucoup de choses, la solution qui ferait éviter l’effondrement de nos ressources, ne pourra être que l’identification de l’affiliation des lobbies qui avaient toujours fait échouer toute tentative de réformes et dissiper tout espoir de propagation de justice sociale.
Il s’agit de procéder, dans une première étape, à l’établissement et la diffusion de la liste exhaustive des propriétaires des navires faussement naturalisés mauritaniens et des usines de farine et huile de poisson ainsi que les sociétés de traitement des produits halieutiques qui opèrent suivant des montages juridiques ou parajuridiques semblables.
Ensuite, il sera très facile de suivre le cordon ombilical qui lie les membres de ces lobbies à d’éventuels hauts dignitaires (civils et militaires) de l’appareil de l’Etat, à des parlementaires, à des Chefs de partis politiques et pourquoi pas à des complices étrangers.
Si ces suppositions s’avèreront vraies à l’issue de telles opérations, mes compatriotes devront cesser de stigmatiser ou incriminer des Chinois, des Turcs, des Européens (UE) ou tout autre partenaire commercial et financier. Alors, LOUMOU plutôt ENVOUSSEKOUM, chers Mauritaniens, nous sommes les vrais fautifs !
Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme