OLAN – En cette période de campagne électorale et à quelques semaines des élections législatives et municipales, l’Organisation pour l’officialisation des langues nationales entend continuer à faire de l’officialisation du pulaar, du soninké et du wolof un enjeu majeur de la vie politique, sociale et culturelle des Mauritaniennes/Mauritaniens.
Elle entend également réaffirmer la détermination de ses membres et sympathisants dans la défense d’une cause juste qu’ils portent depuis une année en dépit des interdictions de manifester et des brutalités policières.
C’est dans ce cadre précis qu’OLAN inscrit la conférence d’aujourd’hui intitulée « enjeux politiques de l’officialisation des langues nationales ».
Si la « loi d’orientation du système éducatif national », votée à l’Assemblée nationale puis promulguée en août 2022, consolide en son article 65 l’hégémonie de la langue arabe et la marginalisation des langues pulaar, soninké et wolof, elle ne peut et ne doit absolument pas signer la fin d’une mobilisation forte et massive en faveur des langues nationales, leur officialisation, leur enseignement et promotion à tous les niveaux.
Aussi, OLAN, au travers d’initiatives en cours et à venir en direction des candidates et candidats, souhaite rappeler l’urgence d’inscrire la question des langues au cœur de leurs préoccupations plurielles.
Le traitement sérieux de celle-ci constitue en effet, contrairement à ce que de nombreuses forces conservatrices feignent d’ignorer, un véritable enjeu de stabilité politique et de cohésion sociale.
Car hormis le rejet légitime des institutions et la menace que cette position représenterait pour le lien politique/social, que peut-on attendre de la part de puissantes catégories halpulaareen, soninké et wolof, poussées dans l’obscurité et l’invisibilité par une loi dont le caractère discriminatoire ne fait guère plus de doute ?
Parce qu’elle introduit une rupture dans le principe d’égalité de traitement de langues que tous les Mauritaniennes et Mauritaniens ont en partage, parce qu’elle installe des inégalités entre populations arabophones et populations non arabophones, parce qu’elle supprime pour ces dernières toutes les chances d’accéder sans discrimination aucune à l’éducation, les concours, l’emploi, l’administration publique, la « loi d’orientation du système éducatif » demeure profondément attentatoire aux droits les plus élémentaires de citoyennes et citoyens mauritaniens.
Et si d’aucuns, sincèrement ou stratégiquement, ont pu voir dans la création récente de l’Institut pour la promotion et l’enseignement des langues nationales (IPELAN) quelques motifs de satisfaction, il importe ici de redire de manière décomplexée que le seul motif de satisfaction durable reste encore l’officialisation de toutes les langues nationales.
Seule en effet l’adoption d’une loi garantissant une égalité linguistique dans tous les domaines de la vie publique saurait assurer aux Mauritaniennes/Mauritaniens le respect de l’ensemble de leur patrimoine culturel, sans exception, sans discriminations.
Aussi, que la « loi d’orientation du système éducatif » retienne notre attention dans cette séquence éminemment politique, et que de potentiels représentants du peuple puissent d’une manière ou d’une autre s’engager à en proposer des ajustements dans un avenir proche est une démarche salutaire.
En définitive, face au risque d’une disparition programmée des langues pulaar, soninké et wolof en Mauritanie, mais aussi celui de l’effacement de l’identité culturelle de leurs locuteurs, OLAN appelle à la remobilisation de toutes les forces politiques progressistes afin de mettre en échec un projet dont la mise en œuvre signifierait l’effondrement des fondations fragiles sur lesquelles reposent la diversité, la paix et l’harmonie sociale.
Organisation pour l’officialisation des langues nationales (OLAN)
Nouakchott, le 25 avril 2023