La Mauritanie est confrontée à un vaste trafic de médicaments orchestré par des commerçants reconvertis en pharmaciens, animés par la seule recherche de profit. Ces acteurs, profitant d’un système de régulation laxiste, ont étendu leur influence jusqu’à la sphère politique, certains devenant députés afin de se prémunir contre toute forme de contrôle et de sanction.
Longtemps limitée à l’importation de médicaments contrefaits, cette activité illicite prend une tournure encore plus inquiétante avec l’installation de laboratoires de fabrication de médicaments en Mauritanie. Dans un pays où la régulation du secteur de la santé demeure défaillante, cette production locale pourrait aggraver les dégâts déjà causés par la circulation massive de médicaments de mauvaise qualité. Ce commerce clandestin touche des traitements cruciaux, notamment des médicaments contre l’hypertension artérielle, des antibiotiques, des anticoagulants et même des produits destinés à la dépigmentation. Certains de ces produits ne sont même pas officiellement classés comme des médicaments, augmentant ainsi le risque de complications sanitaires graves pour les patients.
Face à l’ampleur du phénomène, les autorités mauritaniennes ont commencé à réagir. Récemment, de grandes quantités de médicaments de contrebande ont été saisies, illustrant la gravité du problème. Le Premier ministre Moktar Ould Djay a annoncé que plus aucun médicament ne pourra entrer sur le territoire sans autorisation préalable du gouvernement, instaurant ainsi une traçabilité censée limiter les abus.
Cependant, cette volonté de régulation se heurte à un obstacle majeur : l’implication de députés eux-mêmes dans ce commerce. Leur statut leur confère une immunité de fait, rendant toute véritable réforme difficilement applicable. Tant que des individus ayant des intérêts économiques dans le trafic de médicaments siégeront dans les instances décisionnelles, la lutte contre ce fléau restera une mission quasi impossible.
Il est impératif que le gouvernement mauritanien prenne des mesures fortes pour endiguer ce trafic qui met en danger la santé publique. L’instauration d’un contrôle strict et indépendant, ainsi que des sanctions exemplaires contre les responsables de cette fraude, apparaissent comme des solutions incontournables. La population, déjà victime des effets dévastateurs des médicaments contrefaits, ne peut plus tolérer cette situation. La transparence, la responsabilisation des autorités et une véritable volonté politique sont les seules armes efficaces pour lutter contre cette menace silencieuse mais meurtrière.
Mohamed BNEIJARA