Alors que des mouvements sur les réseaux sociaux se mobilisent contre la récente décision du ministère de l’Environnement au sujet de l’exploitation du charbon de bois dans la région de Kankossa, il est important de clarifier les motivations qui sous-tendent cette démarche. L’indignation qui se propage repose souvent sur une interprétation incomplète, voire incorrecte, du rôle du ministère dans la gestion des ressources naturelles du pays. La régulation environnementale ne vise pas à priver les citoyens de leurs besoins essentiels, mais à les satisfaire de manière responsable, dans un cadre légal, durable et transparent.

Le charbon de bois reste aujourd’hui un élément essentiel de la cuisine pour de nombreux foyers mauritaniens, une réalité indéniable. Nier l’accès à cette ressource aux populations au nom d’une approche rigide de la protection de l’environnement serait non seulement illusoire, mais également contraire aux droits fondamentaux. Le véritable enjeu ne réside pas dans une interdiction, mais dans une organisation et un encadrement appropriés. C’est exactement ce que le ministère a mis en place dans la Moughataa de Kankossa : une exploitation réglementée et autorisée, fondée sur un cahier des charges clair, respectueux de l’environnement et réalisée par des professionnels compétents.

Le ministère n’esquive pas ses responsabilités ; au contraire, il agit avec discernement en équilibrant la satisfaction des besoins immédiats et la préservation des ressources pour les générations futures. Ce double impératif est au cœur du développement durable. Réduire cette politique à une simple autorisation d’exploitation serait à la fois injuste et infondé, comme si elle ouvrait la voie à un pillage incontrôlé. Il s’agit d’un processus rigoureusement encadré et surveillé, soutenu par des équipes techniques formées et des moyens logistiques mis en place pour garantir le respect strict des normes environnementales.

Dans ce contexte, ce n’est pas la légalité qui devrait être critiquée, mais plutôt l’exploitation sauvage et clandestine qui appauvrit les forêts sans laisser d’héritage pour les générations futures. En légalisant, structurant et contrôlant cette activité, le ministère se positionne en tant que protecteur, non comme destructeur. Il ne s’agit pas de choisir entre développement et écologie, mais de trouver un chemin qui permette leur coexistence. Ce chemin existe, et c’est exactement celui que le département a décidé d’emprunter avec courage et responsabilité.

Il est regrettable que certains choisissent de considérer cette avancée comme un sujet de controverse, alors qu’elle devrait être perçue comme une véritable opportunité. En effet, ce qui est proposé ici constitue une solution sensée. Elle répond aux réalités du terrain et aux besoins quotidiens des populations, tout en s’inscrivant dans une dynamique durable. Une telle initiative aurait dû être saluée, mise en avant et présentée comme un modèle à suivre. À l’inverse, cette réaction témoigne d’une déconnexion avec les véritables priorités des citoyens, qui doivent chaque jour faire face aux enjeux de la cuisine, du chauffage et de leur vie quotidienne.

La régulation ne représente pas un recul, mais bien un progrès significatif. Elle permet de garantir une utilisation intelligente et non épuisante des ressources naturelles, tout en intégrant une perspective de justice intergénérationnelle. Le ministère de l’Environnement assume ici sa mission dans toute sa complexité : il s’agit de protéger les ressources tout en défendant les droits des citoyens. Il joue le rôle de facilitateur d’un équilibre délicat entre les besoins humains immédiats et les impératifs écologiques.

Il est temps de mettre un terme à la perception de la gestion environnementale comme une opposition stérile entre la nature et la société. La véritable écologie, celle qui perdure, se construit avec les populations et non contre elles. Elle s’ancre dans le quotidien, dans les besoins et les réalités locales. C’est dans cette voie que s’inscrit aujourd’hui la politique mise en œuvre à Kankossa, et elle mérite d’être soutenue, expliquée et comprise, plutôt que détournée ou caricaturée. Cette décision illustre l’engagement professionnel de la ministre à transformer positivement la gestion de ce département essentiel pour le pays.

Mohamed BNEIJARA

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