Nouakchott – La Mauritanie se trouve à un moment crucial, avec des signes inquiétants de fragilité dans son fonctionnement démocratique. L’opposition politique, jadis moteur de propositions et de contestations, est aujourd’hui désorganisée et infiltrée, perdant ainsi de son influence. De nombreux leaders ont rejoint les rangs du pouvoir, réduisant l’espace consacré au débat, essentiel pour une démocratie saine.
Dans ce contexte, la société civile semble reléguée à l’arrière-plan, quasiment absente des instances décisionnelles. Les représentants de cette société ne siègent ni dans les organes de régulation ni dans les conseils d’administration des établissements publics, laissant les services étatiques dominer, ce qui entraîne une opacité préoccupante dans la gestion publique et fragilise les mécanismes de transparence.
Pourtant, la société civile est indispensable à la démocratie. À travers le monde, elle joue un rôle clé dans la défense des droits civiques, la justice sociale, la protection de l’environnement et la promotion de la participation politique. Elle a souvent été à l’origine de mouvements sociaux ayant contribué à des avancées démocratiques significatives.
Le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et son Premier ministre Moctar Ould Diay ont, à plusieurs reprises, lancé un appel aux citoyens pour qu’ils s’engagent activement dans la construction nationale. Cet appel doit être pris au sérieux, mais il nécessite aussi l’intégration de toutes les forces vives, y compris la société civile, dans les processus décisionnels.
Les dynamiques internationales, issues des traités des Nations Unies sur les droits humains et des conférences majeures comme Rio+20, soulignent le rôle déterminant des organisations de la société civile en tant que partenaires critiques des gouvernements. Ces acteurs ne se contentent pas de dénoncer les injustices ; ils avancent également des solutions durables, ancrées dans la justice et le respect de la dignité humaine.
Les organisations de la société civile mauritanienne s’engagent activement à défendre les droits des populations vulnérables et marginalisées. Elles se posent en porte-voix de ceux qui n’ont pas accès aux sphères de pouvoir, les aidant à connaître leurs droits, à s’organiser et à défendre autonomement leurs intérêts.
Il est donc impératif de reconnaître pleinement ce rôle et d’accorder à la société civile la place qui lui revient dans les institutions publiques. En intégrant ces acteurs dans les organes de régulation et les conseils d’administration, on renforcera la transparence, on luttera contre la corruption et on apportera une réelle valeur ajoutée à l’action gouvernementale. Une société civile dynamique est un pilier fondamental pour garantir une gouvernance démocratique inclusive en Mauritanie.
Mohamed BNEIJARA