Alors que la Mauritanie progresse sur le chemin du développement, il est essentiel de rappeler la responsabilité et l’importance des principaux acteurs économiques. En effet, alors que les engagements du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani peinent à se concrétiser dans la réalité nationale, il devient impératif d’interroger le rôle de chaque acteur face aux défis à relever.
Dans toute économie moderne, quatre acteurs fondamentaux structurent l’activité économique : les ménages, les entreprises, l’administration publique, et la communauté internationale. Chacun joue un rôle clé dans la dynamique et la résilience de l’économie nationale.
Les ménages, en tant que consommateurs et fournisseurs de main-d’œuvre, participent activement à la croissance économique. Ils consomment des biens et services, offrent leur travail, épargnent pour l’avenir, et s’acquittent de leurs obligations fiscales. Leur pouvoir d’achat et leur confiance sont des leviers indispensables pour une économie dynamique.
Les entreprises, moteur de la production, élaborent biens et services, emploient, versent des salaires, investissent dans l’innovation et la croissance, et contribuent au financement des finances publiques via le paiement d’impôts. Leur compétitivité, leur capacité à innover et à s’adapter aux marchés internationaux déterminent largement la prospérité du pays.
L’administration publique joue un rôle essentiel en assurant la régulation, la redistribution et la fourniture de services fondamentaux tels que la santé, l’éducation, la sécurité et les infrastructures. Un État efficace doit planifier, réguler, protéger et accompagner ces acteurs, tout en garantissant stabilité et équité. La qualité de la gouvernance, la transparence et la compétence sont donc indispensables pour un développement équilibré.
Enfin, la communauté internationale, par le biais des échanges, des investissements directs étrangers et des transferts de fonds, influence fortement la compétitivité nationale et l’intégration dans l’économie globale. La diversification des partenaires et la valorisation des atouts locaux sont essentielles pour renforcer cette dynamique.
Cependant, cet équilibre fragile repose également sur la solidité de l’État. Un gouvernement fort ne se limite pas à la surveillance : il doit planifier, réguler, redistribuer et stabiliser. La mise en place de lois, leur application, la protection des plus vulnérables, le soutien aux secteurs stratégiques et la garantie de services publics efficaces sont autant de missions fondamentales.
Les ambitions exprimées par le Président Ghazouani lors de son investiture avaient suscité de grandes attentes, notamment la construction d’une administration efficace, intègre et centrée sur le citoyen. Il insistait sur la responsabilité de la fonction publique, la réduction des chevauchements institutionnels, la lutte contre la bureaucratie excessivement normative, et la promotion d’une culture de résultats et de redevabilité.
Malheureusement, la réalité sur le terrain est alarmante. L’administration demeure marquée par la lenteur, la complexité, le manque de transparence et divers dysfonctionnements. La faiblesse de l’éthique professionnelle, la lourdeur des procédures, la défaillance des services et l’insuffisance des outils de gouvernance électronique entravent l’efficacité et la confiance des citoyens.
Les populations, en particulier les plus vulnérables, rencontrent de grandes difficultés pour accéder à la justice, aux aides ou aux opportunités économiques. Les obstacles administratifs, la pratique informelle et l’insuffisance institutionnelle alimentent frustrations et désillusions.
Ce décalage entre les discours et la réalité fragilise la légitimité des institutions et met en péril la stabilité sociale. Pourtant, l’État a des obligations fondamentales envers ses citoyens : garantir les droits, assurer la justice sociale, protéger les plus faibles et encourager la participation citoyenne.
Il ne peut y avoir de développement durable sans une application rigoureuse de ces principes. La confiance dans les institutions, la transparence et la responsabilité doivent devenir la norme. La reprise en main de la gouvernance, la lutte contre la corruption, la simplification administrative et la modernisation de l’administration sont des démarches indispensables pour restaurer l’état de droit.
Il est urgent de cesser la complaisance, de mettre fin aux discours vides, et de recentrer l’action publique sur l’intérêt général. La Mauritanie ne pourra avancer vers une gouvernance moderne, responsable et inclusive qu’en assumant pleinement ses responsabilités et en mobilisant ses forces pour une réforme en profondeur de ses institutions.
Ce défi est déterminant pour répondre aux aspirations de ses citoyens, favoriser un vivre-ensemble harmonieux, et bâtir une économie résiliente et compétitive. La volonté politique doit s’accompagner d’actions concrètes et de mesures efficaces pour transformer les engagements en résultats tangibles.
Mohamed BNEIJARA