De plus en plus de Mauritaniens expriment un malaise profond face à une transformation silencieuse mais préoccupante de la société. Un sentiment d’érosion des repères fondamentaux — honnêteté, intégrité, respect des lois — gagne du terrain, tandis que les logiques d’intérêt personnel semblent dominer les comportements, tous milieux confondus.

On constate une tolérance croissante envers le mensonge, la fraude et la non-application des normes. Dans les services publics comme dans les relations sociales, les règles sont souvent ignorées, les directives contournées, et la loi elle-même parfois reléguée au second plan. Ce relâchement général affecte l’efficacité de l’action publique, la cohésion sociale et la confiance entre l’État et les citoyens.

L’argent devient pour beaucoup une finalité absolue, justifiant des pratiques moralement ou légalement discutables : trafic de faux médicaments, vente de produits nocifs, corruption, favoritisme, voire instrumentalisation religieuse ou communautaire. Ce phénomène, loin d’être marginal, touche toutes les couches de la société.

À cela s’ajoute un dysfonctionnement au sein de la chaîne hiérarchique de l’État. De nombreux responsables rechignent à appliquer les décisions émanant de leurs supérieurs, même lorsqu’il s’agit d’instructions venant des plus hautes autorités du pays. Ce blocage compromet gravement la mise en œuvre des politiques publiques et entretient une forme d’impunité administrative.

Le danger, aujourd’hui, est celui d’un désengagement progressif des citoyens. Beaucoup ne croient plus aux institutions, se sentent exclus du processus de décision, et perçoivent l’État non plus comme protecteur mais comme lointain ou indifférent. Cette perte de confiance affaiblit le sentiment d’appartenance nationale, au profit de replis identitaires ou communautaires.

Pourtant, tout n’est pas perdu.

Le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, dans son discours et ses engagements, a souvent insisté sur la restauration des valeurs, de la justice et de l’éthique dans la gestion publique. Il dispose encore du temps et des leviers nécessaires pour faire de cette ambition une réalité. En restaurant l’autorité de l’État, en garantissant l’application équitable des lois et en mettant fin à certaines pratiques de complaisance, il peut redonner espoir à un pays qui doute, et redonner du sens à ces valeurs fondatrices qui ont longtemps été la fierté de la Mauritanie.

Mohamed BNEIJARA

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