La situation sécuritaire s’est fortement détériorée au Mali depuis la prise du pouvoir par la junte militaire en août 2020. En effet, les groupes islamistes militants menacent maintenant Bamako.

Cette accélération de la violence des groupes islamistes militants se manifeste au cours du temps ainsi qu’en termes de territoire qu’elle couvre. En matière de temps, la violence extrémiste s’est davantage empirée chaque trimestre depuis le coup d’État militaire que sur chaque trimestre avant la prise du pouvoir par la junte.

  • Les décès liés à la violence des islamistes militants en 2022 ont déjà surpassé ceux de n’importe quelle année précédente. Par ailleurs, les décès devraient augmenter de presque 150 % comparé à 2021.
  • Les civils sont les victimes de la majorité de cette violence. Les groupes islamistes militants ont assassiné trois fois plus de civils en 2022 qu’en 2021. Il y a eu plus de morts civils pendant chacun des deux premiers trimestres de 2022 que pendant toute année précédente.
  • La violence liée aux groupes islamistes militants s’est accélérée en 2022. Entre mai et août 2022, il s’est produit 20 % de plus d’événements violents impliquant les groupes islamistes militants qu’au cours des quatre premiers mois de l’année.

L’essor de la violence des groupes islamiste militants au Mali se distingue aussi du fait de sa diffusion géographique. Le Front de libération du Macina (FLM), qui fait partie de la coalition du Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin (JNIM), a conduit la croissance de la violence dans le centre et le sud du Mali.

Sud du Mali (régions de Bamako, Kayes, Koulikoro et Sikasso)

  • Le FLM a lancé neuf attaques dans un rayon de 150km de Bamako en 2022, toutes entre mai et août. Ce chiffre est le double des événements qui se sont produits tout au long 2021. À ce rythme, les 15 événements violents projetés autour de Bamako cette année dépasseront la douzaine d’ événements que cette zone a subis sur l’ensemble des cinq dernières années.
  • La poussée agressive du FLM vers le sud du Mali met en relief la vulnérabilité de Bamako. Le sud du Mali, la région la plus peuplée du pays où habite 60 % de la population, avait jusqu’à présent été épargnée de la plupart de la violence au cours de la dernière décennie.
  • L’attaque sur le camp militaire de Kati, le plus important du pays, en juillet fut d’une importance à la fois symbolique et opérationnelle. Ce camp accueille le quartier général des Forces armées du Mali, y compris la résidence du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta. Le camp se trouve par ailleurs à un croisement stratégique au nord de la capitale à seulement 10 kilomètres du palais présidentiel.

Centre du Mali (régions de Mopti et Ségou)

  • Plus de la moitié des événements violents attribués aux islamistes militants en 2022 se sont produits dans le centre du Mali. Le rythme de cette violence s’est aussi accéléré puisque 45 % de plus d’événements violents se sont produits dans le centre du Mali entre mai et août que pendant les quatre premiers mois de l’année.
  • Le centre urbain de Mopti-Sévaré est une passerelle stratégique pour la logistique et les transports entre le nord et le sud du Mali. Les attaques du FLM sur des cibles stratégiques ont renforcé son contrôle sur ce territoire vital et aussi sur d’autres parties du pays. Ces attaques comprennent des infrastructures clés comme l’aéroport de Mopti qui sert de plateforme logistique pour l’armée et pour Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies au Mali (MINUSMA).
  • Le fait que le FLM contrôle certaines routes principales, comme la Route nationale 16 qui relie Sévaré à Gao, a parfois permis au FLM de couper tous les transports vers le nord du Mali. Preuve de ce contrôle et de son impunité, le FLM a fermé cette route le 3 août dernier et brulé 19 camions semi-remorque près de la ville de Boni.

Nord du Mali (régions de Gao, Kidal, Ménaka, Taoudéni, et Tombouctou)

  • Le nord du Mali a aussi subi une escalade de la violence en 2022, mais aux mains de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Après les revers qu’il a subis suite aux opérations conjointes des forces maliennes, françaises et du G5 Sahel en 2021 et 2021, l’EIGS a pu s’affirmer après la réduction et le départ des forces françaises et du G5 demandé par la junte malienne.
  • La violence perpétrée par l’EIGS a par la suite augmenté dans les régions de Gao et Ménaka en 2022, entrainant plus de 1 000 décès, soit environ 40 % des décès enregistrés au Mali cette année. Plus de la moitié de ces morts sont des civils qui ont été massacrés par l’EIGS qui cherchait à rétablir son contrôle sur la région par l’intimidation.
  • Reflet d’une présence sécuritaire affaiblie, l’EIGS a aussi ciblé des positions militaires au nord du Mali. Lors d’une attaque sur la base militaire de Tessit, proche des frontières avec le Burkina Faso et le Niger, des combattants de l’EIGS ont pris la base, tuant des douzaines de soldats et s’emparant de véhicules, d’armes et de munitions.

Source: https://africacenter.org/fr/spotlight/li

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