Le nouveau gouvernement mauritanien, sous la direction de Moctar Ould Diaye, se trouve à un moment décisif pour la jeunesse du pays. Il doit relever le défi de produire des résultats concrets en matière d’emploi pour les jeunes, en ligne avec les promesses faites par le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani concernant les investissements destinés à soutenir cette tranche de la population.
La Mauritanie a déjà mis en place une stratégie nationale de l’emploi (SNE) pour la période 2019-2030. Selon les estimations de 2017, environ 444 000 personnes, dont 60 % de femmes, sont en quête d’insertion professionnelle, comprenant notamment les chômeurs et les inactifs. Parmi elles, 157 000 jeunes âgés de 15 à 24 ans recherchent des opportunités d’emploi, tandis que 136 000 personnes âgées de 35 à 63 ans éprouvent le même besoin. Ces chiffres mettent en lumière l’urgence d’un système d’éducation et de formation adapté.
Cependant, les jeunes Mauritaniens expriment une inquiétude croissante : ils redoutent que le mandat actuel ne se limite à des séminaires photo, des réunions, des projets de construction ou de réhabilitation d’infrastructures, ainsi que des études et stratégies qui profitent principalement aux commerçants et aux consultants, sans offrir de réelles actions concrètes en faveur de leur génération. Ils appellent à éviter les promesses récurrentes du Président, du Premier ministre et des consultants, jugées inefficaces.
Un fossé préoccupant sépare les aspirations des jeunes Mauritaniens de la réalité du marché du travail. À long terme, cette insatisfaction professionnelle pourrait conduire à des troubles sociaux. Il est crucial d’harmoniser les attentes des jeunes avec les réalités du marché du travail, tant pour leur bien-être que pour la cohésion sociale globale. Malheureusement, les politiques actuelles semblent accorder peu d’attention aux attentes des jeunes, et encore moins à leur compréhension.
La plupart des jeunes aspirent à des professions hautement qualifiées, malgré un niveau d’éducation souvent insuffisant. Peu parmi eux envisagent des carrières dans des domaines moyennement qualifiés, comme les services ou le travail de bureau. En revanche, les emplois les moins attirants se situent dans l’agriculture et le secteur manufacturier.
Cette discordance entre les aspirations et la réalité complique la transition des études vers la vie active pour les jeunes Mauritaniens. Ils privilégient la sécurité de l’emploi, souvent associée à des postes dans le secteur public, tandis que les métiers moins attrayants demeurent ceux liés à l’agriculture et aux emplois peu qualifiés.
Pour remédier à ce décalage, les politiques publiques doivent jouer un rôle déterminant. Une approche en deux volets est conseillée : d’une part, accompagner les jeunes dans la formulation d’aspirations professionnelles réalistes, alignées sur les besoins du marché du travail ; d’autre part, améliorer la qualité des emplois en prenant en compte les conditions de travail qui leur importent.
Les Mauritaniens, en particulier les jeunes, aspirent à des projets concrets qui raviveront leur espoir et leur offriront la possibilité de construire un avenir meilleur. Il est temps pour le nouveau gouvernement d’initier des actions significatives qui répondent aux besoins et aux attentes de cette génération dynamique et ambitieuse.
Mohamed Moustapha