Mohameden Ould Icheddou – Bilan
Deux années et demi, environ mille jours et mille nuits se sont écoulées de la législature de son excellence le Président de la République, Mohamed ould Cheich El Gazwany, et de la vie de la Mauritanie ; mille jours et mille nuits pendant lesquels, le dossier de la décennie a occupé le devant de la scène, est resté au centre des préoccupations de la nation et du peuple, reléguant au second plan les agendas politiques, les programmes économiques et sociaux !
Au détriment de la priorité du covid, celle de la lutte contre les conséquences de la désertification, des enjeux de développement et de progrès, des défis de sécurité qui interpellent de manière pressante la Mauritanie.
Pendant toute cette période, nous restâmes égarés, connûmes l’errance, distraits de l’essentiel, pour un mois, puis pour une année, puis deux ………Fermant les yeux sur notre profonde déchéance, en l’absence de tout sursaut, et sans éprouver le moindre besoin de retrousser les manches pour affronter les défis qui nous interpellent.
Par contre, nous nous sommes attelés, et continuons de nous atteler à ce jour, à notre autodestruction, nos divisions, et le démantèlement de notre propre existence.
A titre d’illustrations :
-Nous avons renié les valeurs patriotiques portées et glorifiées par les mouvements d’Août, et construites sur les cendres et les errances de juillet 1978, démantelé la majorité nationale, remis en cause tous les efforts déployés par le peuple vers un bien-être, avant de pactiser à nouveau avec la mauvaise gouvernance, l’arriération, l’insécurité, la perte de toute crédibilité.
-Le détournement de deniers publics s’est amplifié de manière grossière et démesurée, devenant méthodique, systématique, soigneusement dissimulé sous les appellations trompeuses de « réalisations », « consensus national » ; le tribalisme est érigé en mode de gestion de la chose publique, et les aspirations du peuple ont été détournées de leur objet, qu’il s’agisse de son aspiration à la liberté , à la démocratie, ou celle pour la mise en place de politiques sociales. Chacun dispose des deniers publics à sa guise, selon son bon vouloir, sans retenue aucune ni indécence, en l’absence de toute censure, et sans égard pour l’intérêt national et le devenir des générations futures.
-La seule lueur dans ce sombre tableau, est que la machination visant à discriminer l’ancien président de la république, en l’excluant de la scène nationale a échoué de manière lamentable ; Dieu soit loué ! Pour toutes ces raisons, je m’en vais vous rapporter les faits suivants, qui vous édifieront sans doute sur les injustices criantes dont l’ancien président n’a jamais cessé de faire l’objet.
Victime de l’arbitraire, faussement accusé, son immunité constitutionnelle violée, sa dignité piétinée, privé de l’exercice de ses droits civils, de son droit à l’expression, ses biens saisis, ceux de sa famille et de ses parents ; puis kidnappé, avant d’être mis en détention dans une zone de non-droit, et soumis à toutes sortes d’actes dégradants, qualifiés par la constitution de crime contre l’humanité (article 13) ; détenu pendant plus de six mois en isolement total, sans accès aux rayons du soleil, privé de sa famille, de ses amis et du reste du monde, privé de tout moyen de communication, et de tout accès à un quelconque média, sous la surveillance d’instruments d’une haute technologie et de caméras haute définition, rapportant le moindre de ses gestes dans cette cellule sordide, et le moindre de ses propos ; une surveillance rapprochée, composée d’éléments de la sûreté d’Etat et des brigades anti-terroristes, autant d’auxiliaires du ministère de l’intérieur n’ayant aucun rapport, ni de près ni de loin, avec les accusations infondées dont il fait l’objet, ni la procédure pénale en vigueur ; ce qui confirme que cette affaire relève de la vengeance, et de la répression politique, sans aucun rapport avec l’enrichissement illicite.
Toutes ses demandes de mise en liberté provisoire qui sont au nombre de cinq, ont été rejetées , bien que suffisamment fondées, et son dossier au niveau de la Cour suprême confié à un autre juge que celui qui devait en connaître qui, lui, a été muté !
Il ne souffrait d’aucune maladie avant sa détention arbitraire, et lorsque sa santé se dégrada suite à sa maltraitance systématique, on n’en fît guère cas, s’obstinant à dissimuler le mal dont il souffrait dans un premier moment, avant qu’il ne soit présenté par le ministère de la justice dans un communiqué, comme un mal bénin.
Pendant toute cette période, la maladie du président s’aggravait, ce qui l’exposa à la mort, n’eût été la vague de condamnations émanant de l’opinion publique, l’intervention à caractère humanitaire des médecins, et la déclaration officielle du porte-parole par intérim du gouvernement, s’exprimant sur le sujet avec un ton empreint d’un niveau élevé de responsabilité.
Hélas ! L’ordonnance du pôle chargé de l’instruction, est venue nous rappeler que la machine répressive n’avait pas dit son dernier mot. Cette ordonnance , décidant de maintenir à domicile l’ancien président de la république sous contrôle judiciaire « renforcée », est intervenue en violation flagrante de l’article 123 du code de procédure pénale, qui édicte de manière impérieuse que le contrôle judiciaire ne peut être prescrit par le juge que pour « garantir la présence du prévenu sans domicile connu » aux actes de l’instruction.
De la même manière et de façon flagrante, l’ordonnance du pôle chargé de l’instruction viole également les recommandations des médecins qui ont conseillé que le président soit entouré d’égards , que les soins lui soient prodigués dans des conditions apaisantes sans lesquelles, toute thérapie ne produirait point les effets escomptés.
Le président n’a rien perdu de sa popularité, et cette popularité s’exprime davantage et de manière criante, chaque fois qu’il est victime d’actes vexatoires.
La mise son contrôle judiciaire de l’ancien président de la république, et la transformation de sa maison en une prison de haute sécurité, ne sont que des mesures politiques qui viennent asseoir la violation de la loi pour dissimuler la gravité des fautes, et l’échec dans la mise en place de la stratégie d’élimination de l’ancien président planifiée dès le départ, et pour éviter que sa réputation n’apparaisse au grand jour, comme cela a été notoirement constaté lors du décès de sa maman que Dieu l’accueille en son sein paradis, ou pendant ses marches en direction de la sûreté pour signer le registre de présence lors de sa première mise sous surveillance judiciaire, ou de manière plus récente, lors de son hospitalisation (à suivre).
*Avocat à la Cour.
*Coordinateur de la défense de l’ancien Président de la République Mohamed ould Abdel Aziz.