Afrik.com – Parmi les fruits les plus commercialisés au Sénégal figurent les agrumes, notamment des oranges et autres clémentines. Des produits pour la plupart en provenance du Maroc, convoyés par des routiers.

Pour arriver à destination, ces fruits parcourent pas moins de 2 000 kilomètres. Cinq jours pour faire un trajet qui ne manque pas d’embûches. Notamment des tracasseries policières. Afrik.com a rencontré un de ces routiers marocains.

Dans quasiment tous les coins de rue du Sénégal est installé un ou des étals dont les propriétaires sont spécialisés dans la vente de fruits. Des produits arrivant dans ce pays d’Afrique de l’Ouest par la route, à bord de camions frigorifiques de 53 pieds.

Avec une longueur d’environ 12 mètres pour plus 2,5 mètres de large, ces véhicules peuvent transporter jusqu’à 20 tonnes de marchandises. Parmi ces convoyeurs habitués du trajet Maroc – Sénégal, Adnane Saoudi, 32 ans, actif dans le milieu depuis 11 ans.

Parcourir 342 km avant la prochaine escale

« Voilà, merci ! ». Adnane venait ainsi de payer un fruit de palmier rônier qu’il avait fini de déguster. Nous sommes au village de Ndiobène, dans la région de Thiès. Casquette bien vissée sur la tête, l’homme, debout sur environ 1m90, doit parcourir 342 km avant la prochaine escale.

Il faudra alors au colosse d’une centaine de kilos arriver à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie. Dans l’après-midi, Adnane avait quitté Dakar, la capitale sénégalaise, où il avait fini de livrer sa marchandise : des clémentines.

« Dès que je franchis la frontière marocaine, il me faut cinq jours pour arriver à Dakar », confie-t-il, tout sourire. Un homme d’une rare gentillesse, très ouvert. Trait de caractère qui a d’ailleurs attiré l’attention des habitants de Ndiobène, avec qui il a eu à partager une photo de famille.

Auparavant, Adnane aura pris le soin de prendre dans ses bras un bébé présent sur les lieux avec ses parents. De façon très spontanée, il couvre la fillette de petits baisers, comme si c’était la sienne. Il venait, avec ce petit geste aux grands effets, de conquérir les cœurs dans cette localité.

Routiers : 500 ouguiyas en Mauritanie, 1000 francs au Sénégal

Au moment de prendre congé d’eux, il aura droit à des au-revoir bien chaleureux. Pour quelqu’un qui était juste de passage pour déguster un fruit. Il faisait déjà nuit ce dimanche et le lendemain lundi, il se trouvera en terres mauritaniennes où il devra braver les contrôles routiers. « En Mauritanie, il faut payer 500 ouguiyas lors des contrôles routiers.

C’est vraiment cher », déplore-t-il. Avant le cap Mauritanie, Adnane doit d’abord affronter les agents sénégalais de police et de gendarmerie. « Ici au Sénégal, c’est 1000 FCFA par poste de contrôle », confie-t-il sourire au coin. Des formes de racket dont les routiers sont souvent victimes. Au nez et à la barbe des autorités.

Avant de monter dans son camion, Adnane prend le soin d’effectuer les dernières vérifications sur son camion frigorifique. D’ailleurs, il mettra quelque 10 minutes pour bien fixer son feu arrière gauche. Celui-ci avait un jeu, suite à un petit incident survenu sur la route.

Ce jeune Marocain est toutefois conscient du danger qui le guette sur son parcours. Car, il peut, comme le sont parfois ses collègues camionneurs, être victime d’attaques de bandits.

Ayant fait ce choix de devenir routier, il s’y est psychologiquement préparé. Ce dimanche soir, son objectif est de boucler l’étape Thiès-Rosso Sénégal. Avant de penser à franchir la Mauritanie. Plus de 30 heures de route à faire avec un passage au Sahara.

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