LE BURKINA FASO EXPULSE L’ATTACHÉ MILITAIRE FRANÇAIS POUR « ACTIVITÉS SUBVERSIVES », PARIS S’INSURGE
BFMTV – Le Burkina Faso, dirigé par une junte issu d’un coup d’État, somme l’attaché militaire de l’ambassade de France dans le pays de quitter le territoire d’ici « deux semaines ».
L’attaché militaire français chassé du Burkina Faso. Les autorités ont décidé « de retirer l’agrément de M. Emmanuel Pasquier, attaché de défense près de l’ambassade de France au Burkina Faso pour activités subversives », a écrit le ministère burkinabé des Affaires étrangères dans un courrier adressé jeudi à Paris, lui donnant « un délai de deux semaines pour quitter le territoire burkinabè ».
La lettre ne donne aucune explication concernant les « activités subversives » reprochées à l’attaché de défense. Le gouvernement burkinabè issu d’un coup d’État, a par ailleurs décidé la fermeture de la mission militaire burkinabè à Paris, indique ce courrier.
« L’accusation d’activités subversives est évidemment fantaisiste », a réagi à Paris un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Ambassadeur rappelé
Les relations entre la France et le Burkina Faso n’ont cessé de se dégrader depuis l’arrivée au pouvoir par un coup d’Etat militaire en septembre 2022, le deuxième en huit mois, du capitaine Ibrahim Traoré.
En mars, le Burkina Faso avait dénoncé un accord militaire de 1961 avec la France, quelques semaines après avoir exigé et obtenu le retrait de la force française « Sabre » de ce pays en proie à des violences djihadistes.
Le gouvernement avait également demandé le départ définitif de tous les personnels militaires français en service dans les administrations militaires burkinabè.
L’ambassadeur de France à Ouagadougou avait lui été rappelé après le coup d’État de septembre 2022 et n’a pas été remplacé depuis.
Contacts avec la Russie et l’Iran
Dans un entretien diffusé la semaine dernière par la Radio télévision du Burkina (RTB, publique) le capitaine Traoré avait affirmé ne pas en vouloir au « peuple français », mais à ses dirigeants. « Il faut qu’on accepte de se regarder d’égal à égal » et « qu’on accepte de revoir toute notre coopération », avait-il déclaré.
Il avait également remis en question l’efficacité de la présence des soldats français au Burkina Faso dans le cadre de la lutte antijihadiste, dont il a exigé le départ en janvier.
Le Burkina cherche depuis de nouvelles coopérations, en particulier avec la Russie. Une délégation russe a échangé fin août avec Ibrahim Traoré à Ouagadougou sur des questions de développement et de coopération militaire et le capitaine Traoré s’est rendu en juillet à Saint-Pétersbourg au sommet Russie-Afrique.
La ministre des Affaires étrangères burkinabè, Olivia Rouamba, a quant à elle récemment manifesté lundi le souhait de son pays de « renforcer la coopération bilatérale » avec l’Iran, lors d’un entretien à Téhéran avec le président Ebrahim Raïssi.
Spirale de violence jihadiste
Depuis 2015, dans la foulée de ses voisins du Mali et du Niger également dirigés par des militaires, le Burkina est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes jihadistes affiliés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda.
Elles ont fait plus de 17.000 morts civils et militaires depuis 2015, dont plus de 6.000 depuis le début de l’année 2023, selon l’ONG Acled.
Le Burkina, le Mali et le Niger depuis le coup d’Etat ayant renversé le 26 juillet le président élu Mohamed Bazoum, ont adopté une posture résolument opposée à la politique française dans la région du Sahel.
F.B. avec AFP