Du 9 au 14 juin 2025, Lagos, au Nigeria, a été le théâtre de la Rencontre régionale annuelle des Alliances de la Société Civile SUN, réunissant des représentants de 22 pays d’Afrique de l’Ouest, du Centre et des îles de l’océan Indien, y compris les Comores et Madagascar. Cette rencontre, placée sous le thème « Une société civile plus forte pour accélérer les progrès en matière de nutrition en Afrique de l’Ouest, du Centre et des îles », a permis aux participants, issus d’alliances nationales luttant contre la malnutrition, d’échanger leurs expériences, d’analyser les défis communs et de formuler des recommandations concrètes pour améliorer la situation nutritionnelle dans leurs pays respectifs.
La déclaration adoptée à l’issue de cette rencontre met en lumière un contexte régional caractérisé par une instabilité persistante. Les conflits, le changement climatique, des systèmes de santé et de protection sociale fragiles, une crise économique et des inégalités structurelles compliquent encore davantage la lutte contre la malnutrition. Les participants ont souligné que des millions de femmes et d’enfants, en particulier ceux issus des communautés les plus vulnérables, continuent de souffrir de malnutrition chronique et aiguë, entraînant des conséquences graves sur le développement humain, social et économique des nations. Ils ont également noté la lenteur et l’inégalité des progrès vers les objectifs fixés pour 2030, dans un contexte de réduction drastique des financements internationaux et d’un engagement national insuffisant. De plus, la faible implication des communautés dans les programmes nutritionnels a été identifiée comme un obstacle à l’efficacité des interventions.
Face à ce constat, les Alliances de la Société Civile SUN ont exprimé leur volonté de renforcer leur action collective. Elles réaffirment leur engagement à travailler en synergie avec les gouvernements, les institutions des Nations unies, les bailleurs de fonds, le secteur privé et d’autres parties prenantes pour mettre fin à la malnutrition sous toutes ses formes. Elles affirment leur solidarité et leur résilience à poursuivre les efforts, même en dépit de moyens limités et de contextes souvent difficiles. La déclaration appelle à une meilleure circulation des savoirs et des expériences fructueuses entre les pays, favorisant le partage de bonnes pratiques et d’outils efficaces pouvant influencer les politiques et les budgets en matière de nutrition et de systèmes alimentaires.
Les représentants des Alliances s’engagent à promouvoir une approche multisectorielle, inclusive et axée sur les droits humains. Ils souhaitent que la nutrition soit intégrée dans l’ensemble des politiques publiques, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, du climat et de la protection sociale. L’ancrage local est également une priorité, avec la volonté d’écouter davantage les communautés et de faire entendre leurs voix, en particulier celles des femmes, des jeunes, des peuples autochtones et des groupes marginalisés. Les Alliances affirment leur détermination à rendre compte de leurs engagements et à exiger la redevabilité des autres acteurs impliqués, notamment les États et les bailleurs de fonds.
Dans ce cadre, la déclaration lance un appel clair aux gouvernements pour qu’ils créent des conditions propices à l’action de la société civile. Cela inclut la garantie d’un espace civique ouvert, participatif et transparent, la reconnaissance du rôle crucial des Alliances de la Société Civile dans la gouvernance des politiques nutritionnelles, ainsi que l’augmentation significative des budgets nationaux dédiés à la nutrition, pour compenser les réductions de l’aide extérieure. Les institutions régionales et le secteur privé sont encouragés à s’investir davantage et à soutenir durablement le renforcement des capacités des Alliances, y compris leur ancrage communautaire, leurs compétences en plaidoyer et leur autonomie financière.
Les partenaires techniques et financiers sont également appelés à maintenir, voire à renforcer, leur soutien aux pays et à la société civile, afin de préserver les acquis et de permettre l’extension de solutions locales adaptées. La déclaration insiste sur l’importance de valoriser le rôle de plaidoyer et d’alerte des Alliances, qui constituent un élément essentiel de la gouvernance des programmes nutritionnels.
Enfin, les participants ont exprimé leur profonde gratitude au gouvernement nigérian pour son accueil et son soutien, ainsi qu’au Mouvement SUN pour son rôle de catalyseur dans 67 pays à travers le monde. L’Alliance SUN du Nigeria a été chaleureusement félicitée pour l’excellence de l’organisation de cet événement. C’est avec une énergie renouvelée et une vision commune que les représentants des Alliances quittent Lagos, déterminés à accélérer les progrès vers l’élimination de la malnutrition sous toutes ses formes en Afrique de l’Ouest, du Centre et des îles.
Mohamed BNEIJARA