Au Niger, au moins 29 soldats ont été tués, dans la nuit de lundi à mardi, dans l’ouest du pays, près de la frontière avec le Mali. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière depuis l’arrivée au pouvoir des militaires, qui avaient pourtant justifié leur coup d’Etat du 26 juillet par la dégradation de la situation sécuritaire. Mais plus de deux mois après le putsch, l’instabilité qui règne dans le pays est très préoccupante.
Abassa Zirdine est un habitant de l’Anzourou, dans la région de Tillabéry, où les groupes djihadistes, notamment l’Etat islamique au grand Sahara, sont actifs. Au micro de la DW, il confirme la hausse des attaques :
« La situation sécuritaire se dégrade de plus en plus au Niger. Les attaques contre les positions de l’armée et contre les populations civiles se multiplient dans la région de Tillabéry. Une situation qui a des conséquences sur le plan humanitaire. »
« La situation sécuritaire se dégrade de plus en plus au Niger » (Abassa Zirdine)
Mines d’or visées au Burkina
Le Burkina Faso aussi a du mal à endiguer les attaques et à sécuriser notamment les mines d’or qui sont visées par les djihadistes. L’exploitation minière artisanale a été ainsi suspendue dans le pays.
Selon Serge Zongo, exploitant minier, les groupes terroristes cherchent à soutenir leurs activités avec cet or : « C’est une activité qui est devenue source de financement des groupes armés terroristes et sert à alimenter la violence. »
Double front au Mali
D’un côté, les anciens rebelles touaregs : un important convoi de l’armée malienne est ainsi en route vers le nord et la région de Kidal, bastion de la rébellion séparatiste qui a repris les armes. De l’autre, les djihadistes qui s’en prennent à des villes importantes.
Après Tombouctou avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, c’est au tour de Ménaka d’être menacée, cette fois par les combattants de l’Etat islamique au grand Sahara.
« Comme vous le savez déjà, Ménaka a été particulièrement touchée par la montée de l’EIGS, autrement appelé Daech, dans la zone, notamment à la frontière Mali-Niger », raconte Housseyni Ag Yehia, un habitant de Ménaka. Selon lui, des centaines de personnes ont déjà pris la fuite. « Les populations des zones d’Anderamboukane, Tamalat et autres se sont repliées vers le chef-lieu de région qui est Ménaka. Au moment où je vous parle, il n’y a que la ville de Ménaka qui n’est pas occupée par les mouvements terroristes. Si un autre front s’ouvre, notamment les combats entre l’armée malienne et la CMA, c’est une menace supplémentaire. »
Au Mali, le départ des troupes étrangères et de l’Onu a offert une aubaine aux groupes djihadistes qui ont pu avancer sur certains fronts. La possibilité d’un affrontement avec les anciens rebelles touaregs risque de leur donner encore plus de marge de manœuvre.
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