En Mauritanie, la liberté d’expression et de la presse connaît une régression préoccupante. L’adoption de la loi dite des « symboles nationaux » en 2021 a marqué un tournant répressif, limitant drastiquement le droit des journalistes et des blogueurs à critiquer les institutions de l’État. Cette loi, qui interdit toute déclaration jugée offensante envers le président ou les symboles de la nation, a ouvert la voie à une série d’arrestations et de condamnations d’acteurs médiatiques et de défenseurs des droits humains.

Présentée comme un moyen de préserver l’unité nationale, la loi sur les symboles nationaux est en réalité un outil de censure. Elle criminalise toute critique des institutions publiques, exposant ainsi les journalistes et blogueurs à des peines de prison et des amendes exorbitantes. Plusieurs figures médiatiques ont été arrêtées pour avoir dénoncé des abus de pouvoir ou des affaires de corruption impliquant de hauts responsables du gouvernement.

Parmi les cas les plus emblématiques, on compte l’incarcération de blogueurs ayant critiqué la gestion du pouvoir ou dénoncé des violations des droits humains. Ces arrestations s’inscrivent dans une tendance plus large de répression visant à intimider les voix critiques et à dissuader toute forme de contestation.

L’application de cette loi s’accompagne d’une surveillance accrue des réseaux sociaux et des plateformes d’information. Les autorités utilisent divers moyens de pression, y compris des menaces, des arrestations arbitraires et des interdictions de diffusion, pour contrôler le paysage médiatique. Cette politique répressive a entraîné une autocensure généralisée chez les journalistes et les blogueurs, contraints de limiter leurs critiques par crainte de représailles.

En parallèle, la répression des manifestations pacifiques et des rassemblements en faveur de la liberté de la presse s’est intensifiée. Des organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International et Reporters Sans Frontières (RSF), ont dénoncé cette dérive autoritaire et exhorté le gouvernement mauritanien à respecter ses engagements internationaux en matière de droits fondamentaux.

La Mauritanie, autrefois perçue comme un pays en progrès en matière de liberté de la presse, connaît désormais un retour en arrière préoccupant. Cette restriction des libertés nuit au débat public et empêche la société civile de jouer son rôle de contre-pouvoir. De plus, la criminalisation de l’opinion accentue la marginalisation des défenseurs des droits humains, notamment ceux engagés dans la lutte contre l’esclavage, qui demeure une problématique persistante malgré son abolition officielle.

Face à cette situation alarmante, plusieurs organisations internationales appellent à une réforme immédiate de la loi sur les symboles nationaux et à la libération des journalistes emprisonnés. Amnesty International et Reporters Sans Frontières ont mis en garde contre les dangers d’une telle politique et exhortent les autorités à garantir un espace de liberté pour les citoyens et les professionnels de l’information. La communauté internationale, y compris l’Union africaine et les Nations Unies, est interpellée pour exiger des garanties en faveur de la liberté d’expression en Mauritanie.

Sans un changement de cap, la Mauritanie risque de s’enfoncer davantage dans une ère de répression et de restriction des libertés fondamentales, avec des conséquences désastreuses pour sa démocratie naissante et la protection des droits de ses citoyens.

Mohamed BNEIJARA

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