En Mauritanie, la gouvernance s’apparente de plus en plus à un spectacle médiatique, où les acteurs politiques semblent accorder une priorité excessive à leur visibilité face aux caméras, au détriment d’une présence réelle sur le terrain. Cette tendance soulève des questions fondamentales quant à l’efficacité et à la pertinence des institutions, qui devraient pourtant se concentrer sur la satisfaction des besoins et des préoccupations des citoyens. Une telle dynamique interpelle sur la véritable nature de la relation entre les gouvernants et les gouvernés et sur la capacité des institutions à jouer leur rôle de manière efficace.

Sur le plan local, les communes et les moughataa, qui devraient être la première ligne de contact entre l’État et les citoyens, souffrent d’un manque flagrant de ressources qui entrave leur fonctionnement. Ces entités, censées jouer un rôle d’intermédiaires, sont souvent marginalisées, ce qui limite leur capacité à fournir des solutions concrètes aux problèmes quotidiens.

La déconnexion entre les acteurs politiques et les citoyens est particulièrement préoccupante dans ce contexte. Les hakems et les walis, bien qu’ils aient une connaissance des enjeux locaux, semblent incapables de traduire cette compréhension en actions concrètes, en raison des contraintes bureaucratiques et d’un manque de soutien institutionnel.

Les ministres, de leur côté, semblent accorder une priorité excessive à l’image qu’ils véhiculent, organisant des réunions du comité ministériel principalement dans l’optique de saisir la photo parfaite pour les médias. Des initiatives telles que le suivi des projets de pompage des eaux usées ou la tenue d’ateliers sur la vulnérabilité des populations se transforment souvent en simples occasions de communication visuelle. Ces actions, qui bénéficient d’une large couverture par la télévision nationale et les plateformes officielles, tendent à masquer une réalité plus préoccupante : l’inefficacité latente des véritables mesures et interventions nécessaires pour répondre aux besoins des citoyens. Cette quête de visibilité peut ainsi détourner l’attention des enjeux fondamentaux et des défis cruciaux auxquels la société fait face.

Pour sortir de cette impasse, il est impératif d’engager des réformes profondes. Ces réformes devraient non seulement viser à améliorer la transparence et la responsabilité au sein des gouvernants, mais aussi à renforcer le rôle des acteurs locaux. Une gouvernance efficace nécessite une volonté politique réelle de s’engager avec les citoyens et de répondre à leurs préoccupations de manière proactive.

Le changement de paradigme requis doit se traduire par des actions tangibles : investir dans des infrastructures locales, renforcer les capacités des gouvernements locaux et instaurer des mécanismes de participation citoyenne permettant aux populations de s’impliquer dans les décisions qui les concernent. Ce n’est qu’en mettant en place un cadre propice à la transformation que la Mauritanie pourra aspirer à une gouvernance véritablement au service de ses citoyens.

En définitive, la Mauritanie se trouve à un tournant crucial qui appelle à un changement de paradigme. Il est impératif que le nouveau gouvernement abandonne la posture distante et renoue un véritable contact avec les citoyens qu’il est censé servir. Les réformes évoquées par le Président Mohamed Cheikh El Ghazouani dans son discours d’investiture visent à instaurer des solutions durables et authentiques pour améliorer significativement la qualité de vie des Mauritaniens. Pour cela, il est essentiel de mettre en place des mécanismes de gouvernance participative, permettant aux citoyens de s’impliquer activement dans le processus décisionnel. Cela renforcerait non seulement la transparence et la responsabilité des autorités, mais également la confiance entre l’État et la population, indispensable pour construire un avenir plus prometteur et inclusif pour tous les Mauritaniens.

Mohamed Moustapha

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