Eveil Hebdo – La CENI vient de publier les dates pour le dépôt des candidatures aux élections municipales, législatives et régionales prévues au mois de mai prochain.
Ainsi, pour les régionales et les municipales, les dépôts se feront entre le 13 et le 23 mars 2023, tandis que pour les législatives, la date est fixée du 29 mars au 12 avril 2023.
C’est bientôt donc l’heure de vérité pour les partis politiques qui doivent trancher entre une multitude de prétendants, au risque de faire de mécontents qui ne s’avoueront pas vaincus aussi facilement.
Si toutes les formations politiques sont plus ou moins confrontées à cette problématique, c’est bien le parti au pouvoir, INSAF (ex-UPR) qui fera à n’en pas douter face à un véritable casse-tête.
Déjà, dans toutes les circonscriptions, il y a une multitude de candidats à la candidature qui se sont déclarés ; certains ont même commencé depuis longtemps à mener campagne, comme s’ils étaient déjà sûrs d’être investis officiellement par les instances du parti. La déception sera d’autant plus grande que beaucoup d’argent et d’énergie a été dépensé dans une précampagne sans que les intéressés ne soient certains d’être choisis. Chacun cherchant à montrer sa force et son poids électoral pour mettre le parti devant une sorte de « fait accompli ».
Le parti INSAF dans tous ses états
Mais c’est sans compter avec les manœuvres et autres coups bas qui ne manqueront pas, comme à chaque élection. Selon certaines informations, le parti INSAF aurait d’ores et déjà prévenu ses cadres que tout sera mis en œuvre pour éviter les dissidences ou, tout le moins, les réduire.
Et pour limiter d’éventuelles hémorragies dans ses rangs le parti envisage de mettre en place une sorte de compensation pour ceux qui ne seraient pas choisis comme candidats, en leur proposant des postes administratifs. Une solution pour le moins contestable pour deux raisons. D’abord cela confirmerait que les nominations à des postes dans l’administration ne se font pas sur des critères de compétence (l’homme qu’il faut à la place qu’il faut), mais répondraient plutôt à des considérations de clientélisme politique.
Au moment où de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la médiocrité de l’administration, à cause justement du mauvais choix des hommes, cette décision serait à contre-courant.
Par ailleurs, il n’est pas du tout garanti que les prétendants aux postes électifs gagnent au change dans une nomination qui est, par définition, éphémère puisque dépendant du seul fait du Prince.
Les autres partis de la majorité en embuscade !
En effet, on peut bien proposer un poste à un candidat déçu pour le calmer le temps de l’élection, mais une fois le scrutin passé, rien ne lui garantit qu’il conservera son poste très longtemps. Alors que s’il était élu, il est tranquille le temps de la durée de son mandat. La tâche des dirigeants de INSAF (UPR) sera d’autant plus ardue, qu’il faudra composer avec les équilibres tribaux, ethniques et claniques, respecter les quotas des femmes… Un jeu d’équilibriste qui ne serait pas de tout repos et dont les implications pourraient être fatales au pouvoir.
Conscients de cette situation, les partis de la majorité, qui gravitent autour de INSAF (UPR), sont à l’affût. La plupart d’entre eux ne désigneront leurs candidats qu’après le dépôt des listes du parti au pouvoir, espérant être le réceptacle des mécontents des choix qui seraient opérés.
Plusieurs candidats à la candidature du parti INSAF ont d’ores et déjà pris contact avec d’autres partis de la majorité, notamment l’UDP – coutumière des faits – pour se positionner. Mais là aussi, INSAF aurait mis en place une stratégie qui consiste à ne dévoiler les listes des candidats qu’au dernier moment – voire à la dernière heure – afin que les déçus n’aient plus le temps de négocier avec d’autres partis.
Un scrutin ouvert
Toujours est-il que de l’avis de beaucoup d’observateurs, les élections à venir risquent d’être les plus ouvertes et les plus indécises de l’histoire du pays. Déjà, le nombre d’inscrits sur les listes électorales témoigne de l’engouement des Mauritaniens pour des scrutins qui ne les intéressaient que moyennement les fois précédentes.
Certains estiment que les électeurs vont saisir cette opportunité pour sanctionner le pouvoir. En effet, l’élection du nouveau Président a été susceptible de déclencher quelques espoirs de changements au sein des diverses organisations de la société civile, dont on avait pu observer le dynamisme au moment de l’alternance. Mais le constat plus de trois ans après semble plutôt devoir être celui d’une dispersion de la contestation, tant sur le front de l’égalité et de la démocratie que sur celui de la justice sociale et de l’accès aux ressources.
De nombreuses annonces faites par le gouvernement sur des sujets attendus ont déclenché une certaine déception. L’exécutif a bien tenté de montrer quelques signes de rupture avec la précédente mandature. La séquence autour de la tentative de retour de l’ancien Président Abdel Aziz, en particulier, a offert au régime l’occasion de faire d’une pierre deux coups en lui écartant toute marge de retour tout en simulant une lutte active contre la corruption et la gabegie.
Après plusieurs mois de péripéties et de rebondissements, Ould Abdel Aziz comparé devant un tribunal pour répondre de ses actes. Mais, loin de susciter une adhésion populaire, ce procès intéresse de moins en moins le Mauritanien moyen, pour n’intéresser que quelques titres de la presse et les proches de l’ancien Président. Ces derniers, qui ne digèrent pas le traitement qui est en train de lui être infligé, sont prêts à en découdre et inondent les réseaux sociaux de messages des plus virulents…
Tout ça fait que les candidats du parti au pouvoir ne sont pas du tout sereins et déploient tous les moyens pour ne pas se faire humilier.
Sikhousso