La Mauritanie a récemment traversé des élections présidentielles qui ont mis en lumière la délicate question des Haratines et de leur statut au sein de la société. Au cœur de ces enjeux, oscillant entre opportunisme et défense des droits, il est impératif que la voix des Haratines soit entendue. Le nouveau gouvernement doit prendre en charge ce dossier et mettre un terme à cette gabegie qui permet à quiconque de parler au nom de cette communauté sans légitimité, alors qu’elle a droit à une protection adéquate.

Les Haratines, souvent réduits à leur statut social, se retrouvent aujourd’hui au centre des débats en Mauritanie. Tandis que certains féodaux ont choisi de faire taire leurs voix face aux lois de l’État, d’autres individus se sont autoproclamés porte-paroles de cette communauté, mettant en lumière un opportunisme inquiétant. Par exemple, lorsqu’il s’agit des adouabas de Zbeiratt ou des membres de la tribu Tajekanet de Barkewol, affirmer qu’ils sont exclusivement Haratines ne constitue pas seulement une offense, mais aussi un déni de leur identité tribale.

Les leaders qui parviennent à des postes élevés par des voies déloyales semblent se détourner de leur identité Haratine, aspirant à forger une nouvelle affiliation. Prendre position en faveur des victimes d’esclavage soulève une question délicate, que beaucoup préfèrent ignorer. Une fois qu’ils accèdent à leur nouveau statut, ces individus oublient souvent leur communauté et développent une sorte d’allergie à ce sujet.

La Mauritanie, marquée par des siècles de divisions entre ses différentes composantes, est divisée en plusieurs groupes : les Beydanes, les Arabo-Berbères, les anciens esclaves Haratines et les Négro-Mauritaniens. Bien qu’ils partagent une culture et une religion, ces communautés n’ont pas la même perception des enjeux liés à l’esclavage et au racisme. Pour de nombreux Arabo-Berbères, la question de l’esclavage appartient au passé, tandis que les abolitionnistes affirment avec conviction que la servitude demeure un problème d’actualité.

Les chiffres sont éloquents : selon le Global Slavery Index, environ 90 000 personnes en Mauritanie vivent encore sous le poids de l’esclavage, plaçant le pays au sixième rang mondial en termes de prévalence de la traite des êtres humains. Bien que l’esclavage ait été officiellement aboli en 1980 et reconnu comme un crime contre l’humanité en 2012, la réalité sur le terrain reste alarmante. Les associations de défense des droits de l’homme jouent un rôle essentiel dans cette lutte.

L’État mauritanien doit mettre fin à cette dynamique de division et s’efforcer d’améliorer les conditions de vie de ses citoyens, en s’éloignant des manœuvres opportunistes. Il est crucial que la voix des Haratines soit entendue et respectée, car le véritable progrès repose sur la reconnaissance de toutes les identités qui constituent la nation mauritanienne.

Mohamed Moustapha

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