Depuis son accession au pouvoir, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani ne cesse de répéter son engagement résolu à lutter contre la gabegie et à restaurer la transparence dans la gestion des finances publiques. À Wadane, il avait déjà affirmé que l’État ne pouvait plus tolérer la corruption. Lors de la cérémonie de sortie des élèves administrateurs, il avait rappelé que servir l’État est un honneur exigeant intégrité et sens du devoir, soulignant que toute trahison de la confiance publique constitue une faute grave. Plus récemment, lors de sa mission dans le Hodh Chargui, le chef de l’État a réaffirmé que cet engagement demeure intact, n’ayant ni été affaibli ni remis en question par les défis rencontrés. Il a précisé avoir fait preuve de patience avant d’agir avec plus de fermeté, tout en assurant que rien ni personne ne pourra entraver la lutte contre la gabegie.
Ces déclarations, fortes et bien accueillies dans leur intention, ne suffisent toutefois pas à rassurer la population. Celle-ci, confrontée quotidiennement au coût élevé de la vie, aux lenteurs administratives et à la faible concrétisation des projets publics, demeure sceptique face à l’écart persistant entre discours et réalité. Elle perçoit que les affaires de détournements et de gestion opaque, souvent évoquées mais rarement jugées de manière exemplaire, alimentent un sentiment d’impunité. Pour beaucoup, la gabegie a simplement changé de forme, devenant moins ostentatoire mais toujours présente.
Les citoyens ne veulent plus entendre de promesses répétées lors de chaque tournée présidentielle. Ils attendent des actes concrets : sanctionner réellement les responsables, réaliser des audits transparents, mettre fin aux passe-droits et instaurer une culture de redevabilité. Ils aspirent à une justice indépendante, à une administration rénovée, et à un gouvernement capable de mener des réformes en profondeur. Les discours présidentiels, aussi ferme soient-ils, ne suffisent plus à apaiser une opinion publique qui constate un fossé grandissant entre paroles officielles et pratiques sur le terrain.
Pour plusieurs observateurs, la crédibilité du président dépend largement de ses actions. À quelques années de la fin de son mandat, il lui appartient de traduire ses engagements en mesures concrètes, visibles de tous. La lutte contre la gabegie doit dépasser le simple discours pour devenir une politique cohérente, appliquée sans favoritisme. La population attend des signaux clairs, des décisions fortes, un changement tangible dans la gestion des affaires publiques. Le pays dispose de ressources importantes, mais c’est leur protection et leur distribution équitable qui sont en jeu.
Le président Ghazwani a affirmé que rien ne l’empêchera de mener à bien ce combat. Reste désormais à convaincre non par de nouvelles déclarations, mais par une véritable transformation de la gouvernance. La population, lassée des mots, réclame un État capable de briser le cycle de la gabegie, de rétablir la confiance, et de bâtir une administration juste, efficace et respectueuse de l’intérêt général.
Mohamed BNEIJARA