Des Mauritaniens vivant dans des villages situés sur le territoire malien ont été victimes de violences ces dernières années, mettant en évidence un abandon flagrant de l’État dans une zone géopolitique à la fois complexe et largement reconnue.

Depuis plusieurs semaines, la situation des villages mauritaniens situés au-delà des frontières officielles soulève de nombreuses questions. Certains affirment que l’État a abandonné une partie de son territoire. Cependant, pour de nombreux observateurs, la question ne devrait même pas se poser, tant la situation est limpide. Bien que ces villages soient physiquement intégrés au territoire malien, leurs habitants sont des Mauritaniens. Les infrastructures ont été construites et entretenues par l’État mauritanien, et leur quotidien dépend de services publics mauritaniens, tels que l’éducation, la santé, et la sécurité civile.

Cette réalité, longtemps tolérée par les autorités des deux pays, se confronte aujourd’hui à une nouvelle dynamique sécuritaire. En raison de l’instabilité croissante au Mali, exacerbée par l’implication des Forces armées maliennes (FAMA) et du groupe paramilitaire russe Wagner, la situation est devenue particulièrement préoccupante.

Récemment, plusieurs Mauritaniens résidant dans ces zones ont perdu la vie lors d’opérations militaires, sans que les autorités mauritaniennes ne leur aient délivré d’avertissement. Aucune directive d’évacuation n’a été émise, et aucune mesure de protection n’a été instaurée, malgré les signes évidents d’une détérioration de la sécurité. Ces citoyens, qui avaient fondé leur confiance sur la protection de l’État mauritanien après des décennies de présence et de services, se retrouvent désormais dans une situation de vulnérabilité critique.

Les réactions à cette tragédie ne tardent pas à se manifester. « Le rôle de l’État ne se limite pas à la simple construction d’infrastructures ; il inclut également la protection de ses citoyens en situation de danger », souligne un élu régional. « Pourquoi n’a-t-on pas déployé d’efforts pour informer ou évacuer ces villages alors que l’instabilité était clairement perceptible ? »

Cette absence d’action contraste fortement avec la réactivité des autorités d’autres pays. Alors que certaines ambassades étrangères alertaient leurs ressortissants sur les dangers présents dans certaines régions de Mauritanie, aucun message n’a été adressé aux Mauritaniens vivant sur le territoire malien, sous une administration de fait. Ce silence a entraîné des conséquences tragiques, coûtant des vies.

Aujourd’hui, les familles endeuillées continuent de se poser une question fondamentale : pourquoi l’État ne les a-t-il pas prévenus ? De nombreux citoyens exigent que l’État reconnaisse ses erreurs, prenne des mesures pour sécuriser les populations encore présentes, et clarifie les responsabilités à la frontière, tant vis-à-vis des populations que des autorités maliennes.

Au-delà de la tragédie humaine, c’est la crédibilité de l’État qui est profondément mise en question. Un pays ne peut pas se vanter de maintenir une présence, d’organiser des services et de convoquer des élections pendant des décennies, puis se retirer face à un danger imminent. Si la délimitation géographique peut apparaître malienne sur le papier, les victimes étaient bel et bien des Mauritaniens, et leur protection incombe aux autorités mauritaniennes.

En conclusion, il ne s’agissait pas de raviver un débat déjà tranché, mais plutôt d’éclairer la question de l’appartenance de ces villages à la Mauritanie ou au Mali, conformément à l’usage établi.

Mohamed BNEIJARA

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