La Mauritanie se trouve en proie à une crise sanitaire préoccupante, exacerbée par la suspension des évacuations médicales, entraînant de nombreux décès évitables. Depuis 2022, les patients des hôpitaux situés à l’intérieur du pays sont confrontés à des pratiques illégales, vivement dénoncées par la société civile ainsi que par l’Ordre des Médecins, et qui ont des répercussions tragiques pour la population.
Bien que le Président Mohamed Ould Ghazouani ait lancé le Programme Prioritaire Élargi (ProPEP) pour améliorer l’accès aux soins en Mauritanie, la situation sur le terrain demeure préoccupante. Bien que ce programme ait initialement facilité l’accès aux ambulances et offert une couverture d’assurance maladie à tous les Mauritaniens, ces mesures se révèlent insuffisantes pour combler les insuffisances persistantes du système de santé.
Pour faire face à la crise actuelle et au manque de préparation pour accueillir les patients évacués, les autorités sanitaires de Nouakchott ont mis en place une mesure simpliste : interdire les évacuations vers la capitale tant qu’aucun hôpital ne s’est engagé à recevoir le malade. Bien que cette décision vise à mieux gérer les flux de patients, elle compromet en réalité la vie de nombreux Mauritaniens en détresse.
La société civile a déjà signalé à l’Ordre des Médecins une pratique qui compromet la crédibilité des médecins et de leur institution, laquelle est perçue comme passive face à la mort de nombreux patients. Malheureusement, aucune mesure concrète n’a été prise depuis près de trois ans, maintenant ainsi les malades dans une vulnérabilité extrême.
Les mesures mises en place pour appliquer cette directive, telles qu’un groupe WhatsApp réunissant les directeurs d’hôpitaux, se sont révélées inefficaces. Les demandes d’assistance pour des patients en situation critique restent sans réponse. La vie d’un malade ne devrait pas reposer sur la réactivité d’un simple groupe de discussion. De plus, de nombreux patients, y compris plusieurs femmes enceintes, ont tragiquement perdu la vie en attendant qu’un hôpital de Nouakchott accepte de les recevoir.
Il est crucial que les autorités mauritaniennes reconnaissent la gravité de la situation. Le manque de préparation du ministère de la Santé entraîne des conséquences tragiques. Les patients ne devraient pas se retrouver piégés entre des soins inaccessibles et des décisions bureaucratiques qui mettent leur vie en danger.
La Mauritanie doit de toute urgence réformer son système d’évacuation sanitaire en renforçant les capacités de ses hôpitaux et en assurant une réponse rapide et efficace aux urgences médicales. La vie des individus dépend d’une action immédiate et déterminée pour mettre un terme à cette situation inacceptable.
Mohamed BNEIJARA