Un débat vient de s’ouvrir entre les érudits religieux au sujet de la légalité islamique de la Caisse de logement des enseignants. Pour le Conseiller du Président et ancien ministre Ould Neinine, cette formule serait prohibée en droit musulman, tandis que pour le cheikh Mohamed El Hassen Ould Dedew, elle demeure acceptable dans le cadre juridique islamique.
Ce qui importe, c’est que chaque fois qu’un pas est fait en faveur des enseignants en Mauritanie, il se retrouve aussitôt bloqué — tantôt par les politiques, tantôt par les parlementaires, et désormais par certains religieux. Pourtant, il s’agit de la frange de la population la plus utile : celle qui forme nos enfants, préserve nos valeurs et assure l’avenir du pays, tout en vivant dans des conditions souvent précaires.
Permettre à ces femmes et à ces hommes d’améliorer leurs revenus ou d’accéder à un logement décent devrait être un acte louable, conforme à l’esprit de justice sociale prôné par l’islam. Il serait difficile d’imaginer que cette religion, fondée sur l’équité et la dignité humaine, puisse s’opposer à une mesure destinée à soulager un groupe en difficulté — surtout lorsque, dans d’autres domaines, certains manquements bien plus graves et nuisibles pour l’économie et la société sont tolérés par les mêmes érudits.
On n’aura plus besoin d’ouvrir des débats interminables sur le passif humanitaire, sur l’esclavage, sur la gestion du bien public, sur la confiance, le devoir ou les droits des populations en islam si l’on commence déjà par garantir la justice aux plus modestes. Ces questions essentielles, qui touchent à la dignité humaine et à l’éthique collective, restent souvent mises de côté, tandis que l’on s’attarde sur des détails lorsqu’il s’agit d’améliorer la vie des enseignants. Pourtant, c’est en traitant ces enjeux fondamentaux que l’on renforcerait réellement la cohésion sociale, la bonne gouvernance et la conformité de nos pratiques avec les valeurs profondes de l’islam.
Mohamed BNEIJARA