L’État de droit est censé garantir justice, égalité et transparence. Il est le rempart contre l’arbitraire et l’injustice. En Mauritanie, ces principes sont pourtant gravement menacés. Des pratiques de plus en plus ouvertes d’abus, de corruption et de mépris de la loi sont constatées dans des secteurs vitaux, mettant en péril le contrat social entre les citoyens et leurs gouvernants.

Ce qui est particulièrement grave aujourd’hui, c’est que les programmes sociaux censés protéger les plus vulnérables sont eux-mêmes devenus des terrains de prédation. Destinés à soutenir les pauvres, les femmes, les enfants, les personnes âgées ou encore les travailleurs informels, ces programmes sont détournés de leur objectif. Le citoyen n’est plus au centre. Ce qui semble intéresser certains responsables, ce ne sont pas les résultats ni l’impact sur le terrain, mais les opportunités de « commandes » pour sortir l’argent public. Peu importe que les bénéficiaires ne reçoivent rien : tant que des marchés sont lancés et des factures signées, le reste peut attendre, voire être sacrifié.

Les ONG partenaires, censées mettre en œuvre ces programmes, sont traitées avec un profond mépris. Recrutées pour leur expertise, elles sont ensuite écartées des décisions, privées d’accès aux responsables, ignorées voire sanctionnées lorsqu’elles refusent de cautionner des pratiques illégales. Le message est clair : le programme ne compte pas, seul le flux d’argent intéresse certains.

Cette logique corrompue touche aussi les acteurs économiques étrangers. Des investisseurs honnêtes, comme le cas du Portugais de Nouadhibou, sont victimes de blocages arbitraires et de pressions indignes, uniquement parce qu’ils refusent de céder à la corruption. Ce sabotage volontaire de notre image à l’international est une trahison de l’intérêt national.

Et pourtant, le Président de la République n’a cessé d’appeler à un sursaut citoyen, à l’assainissement de la gestion publique, et à la lutte contre toute forme de gabegie et de malversation. Mais notre silence face à ces dérives nous rend complices. En ne dénonçant pas, en laissant faire, nous trahissons cette volonté présidentielle de réforme et de transparence.

Il est donc urgent de briser l’omerta. La corruption n’est plus dissimulée, elle est devenue la norme. L’État complice a remplacé l’État protecteur. Si rien n’est fait, ce système illégal et immoral nous mènera droit au chaos.

Nous avons encore le choix. Agir, dénoncer, réformer. Redonner à l’administration un sens, aux lois une force, et aux citoyens une espérance.

Mohamed BNEIJARA

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