Créée à l’initiative du Président de la République, l’institution TAAZOUR a pour objectif d’accompagner les populations défavorisées et de lutter contre les disparités sociales. Cependant, elle a rapidement été perçue comme un « ministère des Finances bis », se concentrant sur le financement d’autres ministères au niveau central, tout en montrant une faible implication des acteurs locaux. Cette situation a compromis le principe de comptabilité publique unique, entraînant un financement principalement orienté vers des infrastructures telles que des barrages, des hôpitaux et des écoles. Bien que ces infrastructures soient nécessaires, elles sont souvent déconnectées des besoins immédiats des communautés, ce qui suscite des préoccupations quant à leur efficacité et à leur pertinence. Il est donc crucial que ces projets ne détournent pas TAAZOUR de sa mission initiale.

La récente nomination de Cheikh Ould Bodde en tant que nouveau Délégué Général de TAAZOUR représente un tournant significatif dans l’approche de l’institution envers le développement local. Son objectif est de viser directement les populations vulnérables, sans se soumettre aux autres départements. Grâce à sa vision, il entend redéfinir la mission de TAAZOUR en mettant l’accent sur le financement des coopératives et des porteurs de projets locaux, conformément aux attentes du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouanie. Cette approche vise à s’assurer que les ressources sont allouées là où elles sont le plus nécessaires. En se rapprochant des réalités du terrain, TAAZOUR s’engage à répondre aux véritables besoins des communautés, plutôt que de se focaliser sur des projets d’infrastructure parfois inadaptés.

À titre d’exemple, l’Union des coopératives des femmes du Guidimakha joue un rôle crucial dans cette nouvelle dynamique. Elle fournit aux femmes et aux communautés un accès à des ressources, à des formations et à des marchés, contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie. Ces structures, présentes dans nos wilayas, favorisent non seulement l’autonomie économique, mais renforcent aussi la solidarité entre les membres. De plus, elles créent des espaces de leadership qui permettent aux femmes d’accroître leur influence dans les prises de décisions au sein de la communauté, ce qui a un impact significatif sur leur statut social et leur capacité à influencer le développement local.

Le travail collectif au sein des coopératives encourage l’entraide et renforce les liens sociaux. En collaborant sur des projets communs, les membres des coopératives apprennent à se soutenir mutuellement, tissant ainsi une toile de solidarité et de coopération au sein de la communauté. Cette cohésion sociale est particulièrement cruciale dans des régions comme Guidimakha, où les défis économiques et sociaux sont nombreux.

Le recentrage de TAAZOUR sur les besoins locaux et le soutien aux initiatives de développement communautaire représentent un tournant majeur dans la lutte contre les inégalités. En mettant en avant les coopératives et les projets à la base, l’institution a l’opportunité d’atteindre véritablement les populations vulnérables. Ce changement d’orientation pourrait non seulement améliorer les conditions de vie des bénéficiaires directs, mais aussi établir des bases solides pour un avenir plus inclusif.

Il est essentiel que les acteurs locaux, les ONG et les décideurs politiques continuent d’appuyer ces initiatives. En garantissant un soutien adéquat aux coopératives et aux projets locaux, ils contribueront à une transformation sociale et économique réelle pour les communautés de Guidimakha et au-delà. En fin de compte, c’est en plaçant les besoins des populations au cœur des politiques de développement que nous pourrons espérer construire un avenir meilleur pour tous.

Le Délégué Général, en s’appuyant sur les initiatives locales à travers le financement des coopératives, aura un impact considérable dans la lutte contre la pauvreté via le développement économique des communautés rurales. Voici comment cela peut contribuer à atteindre les objectifs fixés :

  1. Création de revenus pour les populations défavorisées : En soutenant les coopératives locales, les populations peuvent générer des revenus grâce à des activités économiques collectives, comme l’agriculture, l’élevage ou l’artisanat. Cela renforce les capacités économiques des membres, en particulier dans les zones rurales où les opportunités d’emploi salarié sont souvent limitées.
  2. Dynamisation de l’économie locale : Les coopératives, en utilisant les ressources locales, peuvent renforcer l’économie locale en créant des emplois, en augmentant la production et en facilitant l’accès aux marchés. Cela aide à stimuler les secteurs économiques locaux et à améliorer les conditions de vie.
  3. Stabilisation des populations dans leur région d’origine : Lorsque les populations locales ont accès à des moyens de subsistance durables et des opportunités économiques, elles sont plus susceptibles de rester dans leurs régions d’origine plutôt que de migrer vers les villes. Cela peut freiner l’exode rural et maintenir la stabilité démographique et économique dans les zones rurales.
  4. Réduction de l’exode vers les villes : Le manque d’opportunités économiques dans les zones rurales pousse souvent les jeunes à migrer vers les villes à la recherche d’un emploi. Le soutien aux coopératives locales peut offrir des alternatives et ainsi limiter ce phénomène, tout en réduisant la pression sur les infrastructures urbaines.
  5. Lutte contre la pauvreté : En renforçant l’autonomie économique des populations rurales, ces initiatives contribuent à sortir les communautés de la pauvreté en créant des chaînes de valeur locales durables. Les coopératives peuvent également améliorer l’accès aux services de base et à une meilleure éducation pour les enfants, réduisant ainsi les inégalités sociales.

Cependant, la réussite de ces initiatives dépendra de la capacité du Délégué Général à surmonter les réticences de certains cadres qui pourraient être réticents à quitter leur zone de confort. Gagnera-t-il l’adhésion nécessaire pour mener à bien cette transformation, ou rencontrera-t-il des obstacles sur son chemin ?

Mohamed BNEIJARA

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