La décision prise aujourd’hui, consistant à placer l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz sous contrôle judiciaire à son domicile est différente de cette mesure à laquelle il faisait recours à l’endroit des patients parmi ses détenus politiques, et qui sait mieux qu’un bon connaisseur !
Je n’entrerai pas dans les détails du traitement abusif infligé aux prisonniers politiques au cours de la décennie passée, lorsque la maladie les martyrise et qu’ils sont privés de leurs comprimés et de leurs médicaments.
Du point de vue judiciaire, l’interaction avec le dossier de Ould Abdel Aziz était transparente. Sa corruption a fait l’objet d’une enquête menée par une commission parlementaire, puis approfondie par la police chargée des crimes économiques. L’ancien président n’a pas été par ailleurs, transféré en prison après sa comparution devant le Parquet général, jusqu’au moment où il défia la justice en refusant de se soumettre aux dispositions du contrôle judiciaire. L’Etat était alors ferme dans son emprisonnement, à la différence de tous les prévenus dans le dossier de la décennie, qui se sont conformés à ses dispositions.
L’homme a bénéficié d’une détention prenant en considération les lois réglementant les conditions des établissements pénitentiaires, telles que l’accès à la nourriture et aux médicaments, bronzer et pratiquer le sport… des privilèges dont nous n’aurons pas songé dans nos rêves alors que nous étions otage de sa sourde cellule.
Cependant, j’ai été choqué et leurré par les conférences de presse organisées par le collectif de Ould Icheddou, dont les affirmations étaient caractérisées par les contradictions et les apologies marquées par la subjectivité.
La manière avec laquelle, la maladie d’Ould Abdel Aziz a été traitée, a mis à nu toutes ces fourberies.
L’homme n’est pas tombé malade à cause de ses « mauvaises conditions de détention » – comme ils le prétendent – mais son état psychologique s’est aggravé lorsqu’il a appris la mort de son gentilhomme ami Hamada Ould Bouchraya. Sa tension artérielle a monté et il a failli être victime d’un accident vasculaire cérébral, si ce n’était pas la volonté divine.
Un accident duquel il n’aurait pas survécu dans les prisons de « Bastoy » ou de « Halden ».
L’homme a été transféré dans un hôpital mauritanien, et son traitement a été supervisé par un comité composé des meilleurs cardiologues du pays, dont l’un avait été nommé par son nom et sa marque. C’est pourquoi quiconque ne fait pas confiance, à cet hôpital et ses médecins et voit, à titre déclaratif ou allusif, qu’il n’y a pas de traitement pour l’homme en dehors d’une évacuation à l’étranger, ne fera que l’humilier et l’indexer implicitement, de ne pas avoir laissé dans le pays qu’il a gouverné pendant dix ans, un système de santé fiable.
Mon seul reproche en tant qu’observateur heure par heure dudit dossier et de ses soubresauts, et le blackout total fait par rapport à de nombreux dossiers terrifiants de corruption relevant de la dernière décennie et la non saisie des biens des membres de la famille de l’ancien président, qui continuent de jouir pendant leurs étés de l’argent des Mauritaniens. Tant que l’homme détient le pouvoir d’agir de l’argent des membres de sa famille, ces fonds demeureront un danger potentiel pour la sécurité nationale.
Je comprends le sentiment dans lequel le président Mohamed Ould Ghazouani est partagé, entre le dissuasif et le nécessaire… L’amitié de 40 ans de l’homme l’empêche de toute rancune, mais l’application de la loi et le respect des règles de la charia qui n’excepte pas Fatimetou Mint Mohamed de lui couper la main si elle vole, exige le respect des procédures judiciaires… et la loi prend toujours le dessus sur les sentiments des bonnes personnes.
Hanevi Ould Dehah