Le Rénovateur Quotidien – L’administration mauritanienne n’a pas horreur de l’échec, elle a peur du contrôle. En l’absence de mécanismes coercitifs obligeant les fonctionnaires à respecter les règles disciplinaires, rares sont ceux qui, en âme et conscience mettent en avant les intérêts de la nation au-dessus des leurs.
Avec ou sans surveillance des responsabilités. Si on ne fait son travail que par contrainte, on devient l’esclave de la force publique et non un serviteur honnête et digne de respect. Durant son règne, feu Moktar Ould Daddah n’avait pas seulement.besoin des renseignements pour apprendre comment fonctionnaient les institutions de la République.
Il usait de ses propres moyens de contrôle pour épier les pratiques disciplinaires à tous les niveaux de l’appareil d’état y compris les services sécuritaires.
Les anecdotes qu’on lui prête sont à la fois intelligentes et très dissuasives pour changer les mauvaises pratiques sans perdre la salive à faire de grands discours sur la lutte contre la gabegie ou la morale du travail.
Simulant le chauffeur de transport en commun, le père de l’indépendance en cagoule passait au poste de contrôle routier pour voir comment les agents de sécurité se comportaient. Dans les administrations , les écoles, les commerces, les centres de santé, l’ombre du président planait partout.
Après lui, Haidalla s’est illustré dans les visites inopinées dans tout le pays. L’homme faisait pousser des cheveux blancs aux responsables qui frissonnaient à l’idée de le croiser à la porte du bureau et même des commerçants véreux qui n’échappaient pas aux descentes de ce « faux » client ou encore du « malade imaginaire » qu’il se représentait devant un infirmier corrompu à une époque où pourtant nos unités de santé sans moyens étaient plus salvatrices.
Autant de méthodes discrètes mais efficaces pour restaurer l’image de l’administration et de son bon fonctionnement au service du citoyen. Feu Sidi Ould Cheikh Abdallahi durant son court mandat y faisait avec élégance et courtoisie.
Plus fougueuses étaient les frasques présidentielles de l’ancien général Aziz qui fréquentait les hôpitaux sous les lumières des caméras pour sermonner tel haut responsable et se plaisant à écouter les témoignages des citoyens sur l’état pitoyable des hôpitaux, lui qui a en beaucoup construit et équipé. Nonobstant le populisme auquel il se livrait pour dire que la Mauritanie a commencé avec lui.
Avec Mohamed Ould Ghazouani l’image du président prend-t- elle le dessus sur celle de l’émir au sens de guide et garant du respect de la préservation des valeurs morales et religieuses.
A ce titre cette haute responsabilité lui impose l’obligation d’alterner son costume de président avec sa soutane émirale pour moraliser les mœurs et assainir les institutions publiques.
En effet, laissés à leur libre arbitraire les mauritaniens se moquent des bonnes pratiques citoyennes et de l’intérêt collectif. Rarement on voit l’actuel président descendre dans un marché ou dans les quartiers précaires pour voir la réalité sans se faire raconter.
C’est avant tout son devoir et la raison de son serment… Une maxime ne dit elle pas qu’il vaut mieux voir une fois qu’entendre cent fois.