Malgré les instructions répétées du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani interdisant la circulation des véhicules 4×4 appartenant à l’État mauritanien dans la ville de Nouakchott — des instructions rappelées à plusieurs reprises dans les communiqués du Conseil des ministres — et malgré la décision claire du Premier ministre, Moctar Ould Diaye, d’interdire tout nouvel achat de véhicules tout-terrain par les administrations publiques, une pratique indigne d’un État moderne continue de prospérer au grand jour.
Pour contourner ces directives, certains utilisateurs ont trouvé une astuce aussi grossière que révélatrice : apposer sur leurs véhicules, pourtant immatriculés « Service du Gouvernement de la République Islamique de Mauritanie », les logos de bailleurs ou d’institutions étrangères. Le procédé vise à faire croire à une exemption liée à un projet international, alors qu’il ne s’agit bien souvent que d’un stratagème pour échapper aux règles en vigueur.
Il convient ici de rappeler que les partenaires techniques et financiers disposent, dans tous les pays du monde, de procédures formelles et reconnues pour l’immatriculation de leurs véhicules : plaques « CD » pour les représentations diplomatiques, immatriculations d’importation temporaire, transit temporaire, ou autres régimes spéciaux délivrés par l’État hôte. Ces dispositifs sont clairs, transparents et conformes aux normes internationales. Dès lors, apposer sur un véhicule portant une plaque “SG” — Service du Gouvernement — un autre sigle que le drapeau de la République Islamique de Mauritanie constitue une atteinte directe à la souveraineté nationale. Une telle pratique, qui brouille les symboles officiels et entretient la confusion sur le statut réel du véhicule, doit être combattue avec la plus grande fermeté, tant elle s’apparente à une forme de désaveu de l’État par ceux qui en sont les serviteurs.
Cette situation expose une résistance inquiétante à l’application des instructions présidentielles et gouvernementales, mais aussi une forme de démission de l’État face à des comportements qui portent atteinte à sa souveraineté. Elle met en lumière l’attitude de certains fonctionnaires, prêts à user de subterfuges et à ternir l’image de leur propre administration pour préserver des privilèges personnels — même au détriment de l’intérêt général.
La banalisation de ces pratiques mine la crédibilité de l’autorité publique et remet en cause l’efficacité des réformes annoncées. Elle soulève une question essentielle : à quoi servent les décisions de l’État si ceux qui ont la responsabilité de les appliquer sont les premiers à les violer ?
Mohamed BNEIJARA