Le Syndicat des spécialistes de la santé de Mauritanie vient de s’opposer à une décision prise par le ministre de la Santé à la suite d’une mission de contrôle effectuée sur le terrain. Une telle réaction, loin de renforcer le professionnalisme syndical, soulève des interrogations profondes sur les dérives possibles d’une organisation qui devrait pourtant œuvrer pour la défense responsable de ses adhérents et pour la qualité des services de santé. Un syndicat, en tant qu’acteur social, se doit d’agir dans le respect des règles, des missions institutionnelles et des prérogatives légales des autorités publiques. S’opposer systématiquement, tenter d’instrumentaliser chaque décision ou chercher à intimider les responsables sectoriels n’a rien d’une stratégie constructive, surtout lorsque les décisions en question relèvent des prérogatives exclusives du ministre, seul responsable de la mise en œuvre de la politique nationale de santé.

L’attitude actuelle, marquée par une contestation disproportionnée et des menaces voilées contre l’autorité ministérielle, crée un dangereux précédent. Si un ministre ne peut plus exercer librement ses prérogatives pour nommer ou démettre un fonctionnaire, c’est l’ensemble du fonctionnement institutionnel qui se retrouve menacé. Aucune administration ne peut progresser sous pression, ni fonctionner efficacement sous la menace d’un corporatisme qui dépasse largement les limites de sa mission. Le secteur de la santé exige stabilité, discipline, responsabilité et efficacité. Le ministre, en tant que principal garant de la politique sanitaire nationale, doit pouvoir se séparer de tout responsable qui ne remplit pas correctement son devoir, dans l’intérêt supérieur des citoyens, de l’équité du service public et de la crédibilité de l’État.

Il est temps de rappeler une évidence : la santé du peuple mauritanien ne peut être prise en otage par des groupes de pression. Les institutions ne doivent céder ni aux excès, ni aux intimidations. Un État fort, respecté et cohérent doit rester maître de sa politique publique, et cela commence par le respect des prérogatives de ses ministres. Le syndicalisme est un droit, mais il n’est pas un passe-droit. La défense des intérêts professionnels ne doit jamais se transformer en défi lancé à l’autorité de l’État. Pour préserver l’efficacité de notre système de santé, le gouvernement doit rester ferme, protéger la cohérence de son action et garantir que les services publics fonctionnent pour le citoyen et non pour satisfaire des logiques corporatistes. C’est à ce prix seulement que nous pourrons bâtir une santé publique résiliente, juste et véritablement au service de la nation.

Mohamed BNEIJARA

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