Le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a réitéré hier ses orientations stratégiques en faveur de la jeunesse, confirmant les priorités annoncées dès le début de son second mandat. Ces engagements sont clairs, ambitieux et largement attendus par une jeunesse qui représente plus de 60 % de la population. Cependant, de nombreux citoyens constatent encore un écart entre la vision présidentielle et sa traduction concrète par les différents niveaux de l’administration.
Certains services de l’État, y compris ceux chargés de la protection et de l’accompagnement des citoyens, semblent moins impliqués dans la dynamique de réformes. Quant à une partie de l’appareil civil, elle demeure attachée à des pratiques anciennes, parfois plus guidées par des intérêts personnels que par l’impératif de modernisation exprimé par le Chef de l’État. Cette inertie freine la mise en œuvre des priorités nationales.
Dans ce contexte, le Premier ministre s’efforce de suivre et d’appliquer fidèlement les orientations présidentielles. Mais les cadres ayant accumulé de longues années d’expérience au sein de l’administration adoptent parfois une posture de distance, voire de résignation, face aux instructions nouvelles. Ce décalage crée un climat où les réformes tardent à produire leurs effets attendus.
La classe politique, les partis – majorité comme opposition – ainsi que la presse et une partie des parlementaires, ne parviennent pas toujours à jouer pleinement leur rôle d’accompagnement, de contrôle ou de proposition. Beaucoup de citoyens ont le sentiment que les enjeux collectifs sont parfois relégués au second plan.
Dans ces conditions, une question se pose avec pertinence : comment permettre au Président de concrétiser sa volonté de renouvellement si les acteurs traditionnels de la vie politique et administrative restent figés dans des logiques dépassées ? Comment, par exemple, un responsable chargé de la jeunesse pourrait-il réellement répondre aux attentes s’il ne prend pas le temps d’écouter les jeunes dans leurs communes, leurs moughataas, leurs réalités quotidiennes ?
Les jeunes Mauritaniens ont exprimé hier une demande simple et légitime : être écoutés, associés et reconnus comme des partenaires du développement. Ils souhaitent que les politiques publiques se construisent avec eux, non pas uniquement pour eux.
Le moment semble venu d’ouvrir une nouvelle étape dans la gouvernance. La Mauritanie dispose de nombreuses compétences jeunes, formées, engagées, capables d’apporter des idées et de contribuer activement à la modernisation de l’État. Le renouvellement des responsabilités, sans renier l’expérience des anciens, pourrait permettre d’établir un équilibre plus adapté aux défis actuels.
Monsieur le Président, donner une place plus grande à la jeunesse dans les structures du parti et de l’administration – y compris au sein de la direction d’INSAF – serait un signal fort. Cela montrerait que la vision de renouveau portée au plus haut niveau trouve un écho concret dans l’organisation politique et institutionnelle du pays.
La Mauritanie entre dans une ère nouvelle, marquée par les technologies modernes, l’ouverture et les aspirations d’une jeunesse connectée. Pour accompagner ce mouvement, un renouvellement progressif et réfléchi de la classe politique pourrait offrir à la nation un élan positif, durable et partagé.
Mohamed BNEJARA