L’interdiction récente de jeter de l’argent lors des cérémonies en Mauritanie est au cœur d’un vif débat national. La mesure, adoptée par les autorités, suscite de nombreuses réactions et critiques de la part de divers acteurs sociaux et culturels.
Beaucoup estiment que cette interdiction n’apporte aucune valeur ajoutée au développement du pays. Au contraire, elle priverait de nombreuses personnes vulnérables de revenus issus de la redistribution, notamment les artistes, musiciens et danseurs, qui bénéficiaient traditionnellement des dons effectués lors des cérémonies. Dans la plupart des communautés mauritaniennes, jeter de l’argent lors des mariages, baptêmes ou autres événements festifs fait partie intégrante du patrimoine culturel.
Selon plusieurs observateurs, cette décision va à l’encontre des droits fondamentaux des citoyens, en restreignant une pratique culturelle qui ne nuit ni à l’économie nationale ni à la stabilité monétaire. Bien au contraire, elle permettait la création d’emplois pour les jeunes et les femmes dans le secteur artistique, tout en assurant une redistribution de la richesse au sein de la société.
Le geste de jeter de l’argent est perçu comme un acte de générosité et de contribution au bien-être des célébrants. Il s’agit d’une tradition ancienne, pratiquée à travers les générations, et même reconnue dans certaines pratiques culturelles et religieuses.
Dès lors, la question se pose : au nom de quoi justifie-t-on cette interdiction ? Est-il pertinent d’interdire une pratique culturelle aussi profondément ancrée, sans en mesurer les impacts sociaux et économiques ? Il est indéniable que cette coutume reflète des enjeux identitaires forts, liés à la préservation des traditions et à la régulation des comportements sociaux. Trouver un équilibre entre la protection des valeurs culturelles et les impératifs économiques s’avère essentiel pour garantir un développement harmonieux de la société.
À moins que le véritable motif de cette décision soit de préserver la dignité des artistes, ce qui pourrait se comprendre dans une optique de respect professionnel. Mais dans ce cas, il revient à l’État de compenser ces artistes, de les accompagner à se relever et à trouver des alternatives durables pour préserver leurs moyens de subsistance.
En conclusion, le débat autour de cette interdiction met en lumière la nécessité d’une réflexion plus approfondie et d’une décision éclairée. L’État gagnerait à envisager des mesures ciblées pour les artistes et les professionnels affectés, plutôt que d’imposer une interdiction générale.
Le véritable problème ne réside pas dans la pratique elle-même, mais dans certains abus observés, notamment chez quelques fils de hauts fonctionnaires dépensant sans mesure des fonds dont l’origine peut être questionnée. Dans ce cas, il serait plus pertinent de cibler les dérives individuelles plutôt que de sanctionner une pratique culturelle légitime, respectueuse des droits économiques, sociaux et culturels des citoyens.
Mohamed BNEIJARA