Une rumeur persistante circule ces derniers jours : le Président de la République envisagerait une visite d’une semaine dans la région du Hodh Charghi afin d’évaluer la situation auprès des populations locales. Si cette démarche se confirme, elle serait accueillie avec un vif intérêt dans une zone longtemps marginalisée, fortement touchée par la pauvreté, l’insécurité alimentaire et l’éloignement du centre du pays. La situation est encore exacerbée par l’accueil massif de réfugiés maliens, qui intensifient les tensions sociales et économiques, notamment dans une région où l’élevage constitue la principale ressource.

Cependant, cette activité vitale est aujourd’hui menacée par la décision des autorités maliennes d’interdire l’accès de leur territoire aux troupeaux mauritaniens. Des millions de têtes de bétail, qui dépendent depuis toujours des pâturages maliens, risquent de se retrouver sans ressources. La perspective d’une fermeture prolongée des frontières pastorales pourrait entraîner une catastrophe humanitaire et économique, d’autant plus que des incendies de brousse commencent déjà à ravager les pâturages en Mauritanie. Les éleveurs, démunis, craignent non seulement la perte de leur cheptel, mais aussi la disparition d’un mode de vie ancestral transmis de génération en génération.

Dans ce contexte préoccupant, les réseaux sociaux expriment une inquiétude croissante : certains redoutent que la visite du Président ne se limite à une opération d’apparat. Beaucoup dénoncent une stratégie de ses proches collaborateurs visant à le disperser dans des inaugurations superficielles, des réunions protocolaires ou des conseils de ministres décentralisés, dont l’unique but serait de permettre aux membres du gouvernement de voyager, au détriment d’une véritable écoute des enjeux locaux. La population semble ainsi reléguée au second plan, leur réalité quotidienne étant dissimulée derrière un agenda artificiel qui éloigne le Chef de l’État des préoccupations des citoyens.

Un leader doit pouvoir s’affranchir des filtres imposés par certains notables ou responsables communautaires, qui se présentent souvent comme des relais incontournables mais défendent surtout leurs propres intérêts. Pour donner un sens réel à sa visite, le Président Ghazouani doit privilégier l’écoute directe : rencontrer les jeunes, qui représentent plus de 60 % de la population, ainsi que les femmes, les éleveurs et les populations vulnérables. Il doit les écouter sans protocole, en évitant les discours convenus qui masquent la réalité et donnent une impression de satisfaction artificielle.

Ce changement de méthode est indispensable. Si le Président se limite à une visite sous contrôle de son entourage, il n’aura appris rien de nouveau, puisque ses ministres lui rapporteront ce qu’ils souhaitent. En revanche, s’il ose rompre avec ces pratiques, il pourra percevoir la véritable détresse des populations et mesurer l’ampleur de leurs frustrations. La crise pastorale imminente nécessite des actions immédiates : engager un dialogue franc avec le Mali, instaurer des mesures pour contenir les incendies, lancer des campagnes de sensibilisation et d’encadrement des éleveurs, ainsi que mobiliser des moyens pour sécuriser le cheptel.

La survie de millions de Mauritaniens est en jeu. Le pays ne peut se permettre un Président cloîtré à Nouakchott, alors que les régions intérieures brûlent, au sens propre comme au figuré. La visite dans le Hodh Charghi sera un véritable test, mettant en lumière la capacité du Président à se libérer des pesanteurs protocolaires et à aller au contact des citoyens. Dans un pays confronté à de tels défis, l’absence du Chef de l’État sur le terrain n’est plus un luxe, mais un risque majeur. Il est urgent d’agir pour le bien-être des Mauritanie.

Mohamed BNEIJARA

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